La solidarité pour "vaincre" le coronavirus

En ces temps d'urgence sanitaire, les Algériens font montre d'un grand humanisme.Face à la pandémie, les Algériens se serrent les coudes et multiplient les formes de solidarité. à Oran, le Groupe Alta School El Menzeh a pris des dispositions, à partir du mois de janvier, pour faire face à cette épidémie en décidant de mettre une dizaine de ses camions "qui ont été modifiés à cette occasion" à la disposition de la wilaya pour nettoye les rues et les ruelles. "Ce sont des citernes de 27 000 litres et nous comptons élargir l'opération aux autres communes et villages de la wilaya", nous explique une source du Groupe.
Cette opération a enregistré l'apport des élus locaux puis l'adhésion volontaire de 50 membres de l'association des militaires à la retraite d'Oran et d'Es Sénia qui ont été équipés. Le principal souci rencontré par cette opération de nettoyage, selon notre interlocuteur, réside dans la difficulté de s'approvisionner en eau de Javel concentré à 48%.
"On est en train de chercher des fournisseurs dans plusieurs villes mais on ne trouve pas", indique notre source qui explique que les vendeurs préfèrent l'écouler à la bouteille pour plus de rentabilité. Cette parenthèse sanitaire exceptionnelle a également influé sur les prix de ce produit désinfectant puisqu'il a été multiplié par deux par certains commerçants. Face à cette spéculation, "on est obligé de ne pas les dénoncer puisque si c'est le cas, les autorités vont leur fermer boutique et moi ça ne m'intéresse pas qu'on leur saisisse la marchandise parce qu'on est dans l'urgence.
Maintenant, on est en train de sensibiliser les gens sur cette question pour qu'ils ne profitent pas de cette situation et qu'ils soient solidaires". Toujours dans cette veine humanitaire, la clinique Iris, spécialisée dans la pratique des lasers en dermatologie et de l'esthétique, a fait don à l'EHUO d'un respirateur de dernière génération, de moniteurs et de pousse-seringues et reste, comme nous l'a confirmé son directeur, le docteur Kamel Messaoud-Nacer, spécialiste en dermatologie, à l'écoute des besoins en équipements du secteur médical à Oran.
A titre individuel, le Dr Kamel Messaoud-Nacer a rejoint, depuis la semaine dernière, un réseau de médecins qui avait besoin d'un dermatologue pour des téléconsultations. Par ailleurs, l'association des cliniques privées a aussi fait un don de deux appareils d'assistance respiratoire au même établissement hospitalier qui a reçu également plusieurs de ces appareils à titre de donation de la part d'un bienfaiteur de l'est du pays.
Le même élan est constaté parmi les associations mais rares sont celles qui s'occupent de migrants subsahariens. "Elle se comptent sur les doigts d'une seule main", regrette un membre d'une association caritative. Les appels aux dons lancés à la faveur de ces migrants ont eu un écho favorable auprès des bienfaiteurs et des couffins seront bientôt distribués à plus d'une centaine de ces familles.
Cependant, la médaille présente son revers et comme le contexte actuel favorise l'émergence des sentiments les plus nobles, il met à nu les travers les plus inavouables. En ces temps d'incertitude et de confinement partiel, des migrants africains ont été chassés des chambres d'hôtel qu'ils louaient parfois avec femmes et enfants en bas-âge comme ce fut le cas à M'dina J'dida ou encore à Aïn El Turck.
L'autre conséquence de cette pandémie, des familles binationales, en bute à des problèmes financiers, ont été tout simplement bannies du domicile familial par peur de contamination. "Ce sont entre dix à vingt cas qui sont dans cette situation et qui se sont rapprochés des services du consulat français à Oran pour trouver une solution à leur problème", nous indique une source proche de ce dossier.

Saïd OUSSAD