Algérie

La solidarité active du "hirak"



Durant toute la journée d'hier, des centaines de citoyens se sont rassemblés, rue de la Liberté, à Alger-Centre, à quelques encablures du palais abritant le tribunal de Sidi M'hamed, dont les abords immédiats ont été quadrillés par un dispositif de police. C'est l'une des plus fortes mobilisations en soutien aux détenus du hirak, auxquelles appelle régulièrement le Comité national pour la libération des détenus (CNLD).Des députés du RCD (Ouamar Saoudi, Athmane Mazouz et Nora Ouali), des personnalités politiques et des militants de droits de l'Homme (Ali Laskri du FFS, Youssef Ramdane Taâzibt du Parti des travailleurs, Ali Brahimi, Mahmoud Rachedi du PST, le député de Béjaïa démissionnaire, Khaled Tazaghart, la s?ur et l'épouse de Matoub Lounès?), mais aussi des artistes (Amel Zen, Amine Chibani, Amina Haddad, épouse du défunt cinéaste Moussa Haddad, l'actrice Adila Bendimerad, le réalisateur Damien Ounouri, l'écrivain Samir Toumi?) ont joint leurs voix à celles de leurs compatriotes qui demandaient "la libération inconditionnelle des prisonniers d'opinion".
Le coup d'envoi du rassemblement a été donné par l'hymne national, suivi d'une minute de silence à la mémoire des quatre militaires, tués la semaine dernière dans une embuscade dans la wilaya de Tipasa. Les manifestants ont juré aussitôt : "Jamais nous ne reviendrons aux années 90", allusion aux exactions terroristes subies lors de la décennie noire. Ils ont enchaîné, sans transition, sur les slogans de circonstance : "Libérez la justice" ; "Nos enfants n'ont pas vendu de la cocaïne, jugez les voleurs" ; "Libérez les otages, le vote n'aura pas lieu avec le chantage" ; "Ya koudat téléphone, akraou al-kanoun" (Juges du téléphone, potassez le droit)?
À midi, l'information est parvenue de l'intérieur du tribunal à la rue : les sept premiers détenus (les procès des 42 manifestants sont programmés pour la journée) ont pris place dans le box des accusés à la chambre correctionnelle n°3 après le passage de prisonniers de droit commun. Les chants contestataires, écrits spécialement pour la révolution citoyenne, et ses revendications sont repris de plus belle et les portraits des détenus portés massivement.
"Il n'y aura pas de vote cette année" ; "La mise en scène est claire, on emmène Tebboune à El-Mouradia" ; "Pouvoir assassin", ont crié à tue-tête les manifestants, qui n'ont pas pu accéder dans l'enceinte du tribunal. "Il y a trop de monde à l'intérieur. Les familles des détenus, qui passent aujourd'hui devant le juges, ont été privilégiées", a regretté Souad Leftissi, s?ur de Messaoud, dont le verdict du procès (port de l'emblème amazigh) sera prononcé aujourd'hui. "Ils nous entendent de l'intérieur", s'est-elle enquise. De la salle d'audience où se déroulaient les procès, pleine comme un ?uf, les échos de la rue parvenaient distinctement. Il est aussi difficile de trouver un espace inoccupé dans la salle des pas perdus, à telle enseigne que les entrées au tribunal sont filtrées par les agents.

Souhila H.


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