La solidarité à l'algérienne

Le jeune Adlène sur son litLes réseaux sociaux ont permis de donner des «ailes» à ces élans de solidarité mais ils ne reflètent qu'une tradition bien ancrée dans notre société qui sait s'unir pour les causes justes...Les Algériens ont encore une fois montré leur solidarité légendaire. D'est en ouest, du nord au sud, et même en dehors du pays, nos compatriotes se sont mobilisés comme un seul homme dans le seul but de sauver le jeune Adlène. En effet, ce jeune de 25 ans, paralysé à cause d'une erreur médicale, dont le corps a été «rongé» par les escarres, avait besoin d'une opération très coûteuse pour alléger sa souffrance, plus de 5 milliards de centimes. Sa triste histoire a été diffusée sur une chaîne de télévision privée. Indigné, le peuple s'est levé spontanément comme un seul homme pour réunir l'argent nécessaire pour soigner Adlène Rebaï. Dès le soir de la diffusion du reportage, des groupes de solidarité se sont créés sur les réseaux sociaux.Le lendemain, les gens ont commencé à se diriger vers les bureaux de poste de leur quartier pour apporter leur contribution. D'autres sont allés rendre visite au malade pour l'aider financièrement et moralement. Certains ont même parcouru des centaines de kilomètres pour apporter un peu de réconfort au jeune Adlène. Les supporters de l'équipe de l'USM Blida, ville où habite Adlène, ont aussi apporté leur contribution en organisant une quête géante dans les tribunes du stade Brakni lors d'une rencontre de leur team, montrant au passage un autre visage des supporters de foot algériens.Un «Tito» géant a aussi été déployé dans le stade. Nos compatriotes de l'étranger ont aussi tenu à tendre la main à Adlène en lui envoyant de l'argent et surtout des messages de soutien, affichés en grand devant les plus grand monuments de la planète.«On est tous Adlène», s'est propagé comme une traînée de poudre grâce aux réseaux sociaux qui ont donné des ailes à ce mouvement de solidarité, montrant au passage que le peuple algérien sait s'unir quand il veut, et pour des causes nobles. C'est cela la solidarité à l'algérienne. Une qualité instinctive et commune de tous les Algériens. Car, il faut le dire clairement, le cas Adlène n'est pas une exception. Et surtout, ce n'est pas les réseaux sociaux qui ont créé chez nous l'esprit de solidarité.Adlène a été médiatisé, mais des opérations du genre ont lieu très souvent, particulièrement dans les petits villages où l'on se connaît tous et on connaît les problèmes de chacun. On cite par exemple la magnifique et très émouvante opération menée, l'année dernière, par le comité d'un petit village de Kabylie, Adrar Ath Qodéâ.Les habitants s'étaient mobilisés pour sauver la vie d'une adolescente de 14 ans, atteinte depuis juillet 2012 du Syndrome d'activation macrophagique (SAM). Hayet Ouakouak, dont les parents sont démunis et ont déjà perdu leur première fillette de 11 ans, atteinte de la même maladie, nécessite une greffe de la moelle osseuse en France, dont le coût était évalué à trois milliards de centimes. Toute la région d'ou est originaire la jeune Hayet s'était mobilisée pour ramasser en un temps record l'argent. Malheureusement, la petite n'a pas survécu, l'association du village a alors décidé de mettre l'argent récolté estimé à 34 millions de dinars (3 milliards 400 millions de centimes) au profit du financement de besoins d'autres enfants atteints de maladies et qui sont dans le besoin.Cet argent sera déposé comme fonds humanitaire très transparent pour qu'il serve à financer d'autres causes aussi nobles. Les comités des villages de Kabylie ou toute autre région du pays arrivent souvent à mener des actions du genre pour aider leur prochain sans attendre une prise en charge de l'Etat qui tarde à venir. En fait, cette solidarité est culturelle. Dans l'organisation sociale de la Kabylie, dès qu'un membre du village est dans le besoin, il se rend au conseil [Tajmaât] qui s'occupe de son cas en initiant des opérations de solidarité. L'origine de la solidarité remonte donc à l'origine de son peuple qui a toujours été uni, cohérent et solidaire...Alors, malgré les petites dissensions que l'on peut avoir entre frères, les cas Adlène, Hayet, Manyl...démontrent que personne ne pourra les diviser! C'est comme cela qu'on aime les Algériens...