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La soif à quelques kilomètres du barrage de Boussiaba



Les réseaux de distribution sont vétustes et certains datent même de l'époque coloniale. Pis encore, la ville a connu une extension aussi tentaculaire qu'anarchique sans que les moyens de distribution d'eau suivent, ce qui a engendré cette situation de crise.Alors qu'elle est située à 7 km du barrage de Boussiaba, implanté sur son territoire, et à moins d'une trentaine de kilomètres de l'autre méga ouvrage hydraulique de Beni Haroun (Mila), la ville d'El-Milia ne reçoit l'eau que d'une manière rationnée et insuffisante. Les cris de détresse fusent de toutes parts, et la soif ne s'apaise pas. Si ailleurs, dans d'autres régions, des enquêtes ont été ouvertes juste parce qu'il y a eu coupure d'eau de deux jours, dans cette ville, ces coupures durent des mois.
À longueur d'année, des citoyens restent sans eau, sans qu'on ne trouve ni à redire ni à intervenir pour leur venir en aide. Le seul moyen pour les habitants, c'est d'acheter l'eau auprès de colporteurs. L'activité de ces derniers est devenue lucrative à tel point qu'ils restent le seul recours pour la population pour s'alimenter en eau. "On n'y peut rien dans cette situation", insistent les responsables de l'ADE.
"Nous distribuons l'eau selon les moyens dont nous disposons, et c'est ce que nous faisons", clame-t-on au centre de cette entreprise, à la rue du 20-Août à El-Milia. Avec de modestes moyens de stockage et de pompage, l'eau distribuée part dans ses deux tiers dans des fuites qui inondent quotidiennement la ville.
Les réseaux de distribution sont vétustes et certains datent même de l'époque coloniale. Pis encore, la ville a connu une extension aussi tentaculaire qu'anarchique sans que les moyens de distribution d'eau suivent, ce qui a engendré cette situation de crise.
Plus d'une quinzaine de quartiers sont alimentés en eau à raison d'une heure et demie par semaine. Le reste du temps, les habitants doivent se débrouiller pour chercher l'eau ailleurs que dans leurs robinets. Appeler un colporteur d'eau sur son téléphone portable pour faire son stock en eau est le seul moyen de faire face à cette situation. "On doit faire notre stock de guerre, c'est le seul moyen qui nous reste, il n'y a pas d'eau dans cette ville", lâche-t-on aux quatre coins de cette agglomération.
"On appelle les colporteurs, on a leurs numéros de téléphone, autrement on reste sans la moindre goutte d'eau", poursuit-on. Les anecdotes et les histoires relatives à cette triste situation ne manquent pas, quand chaque colporteur d'eau doit être équipé d'une pompe et d'un long tuyau pour propulser l'eau jusque dans les étages supérieurs des blocs d'habitation. "Quand l'eau coule à la maison, c'est l'événement du jour, c'est la fête au village, c'est le bonheur, on remplit même les petits jerricans, les verres et tout ce qui peut contenir la moindre goutte d'eau", relatent les habitants de la cité Ouled Salah, à la périphérie de la ville.
À Tabriht, l'autre quartier le plus touché par le manque d'eau, les habitants se plaignent d'un contexte plus dur. Dans cette cité misérable, de surcroît confrontée à un sérieux risque d'effondrement des blocs d'habitations de par les fissures apparues sur leurs façades, l'eau ne coule jamais dans les robinets. "Elle est dans la citerne qu'on achète à 1500 DA et nulle part ailleurs", s'offusque-t-on. Pour le reste, les cités Adjenak, T'har, Tatar, Bin Ledjbala, Arfa, pour ne citer que ces agglomérations, ne reçoivent l'eau qu'une fois par semaine.
À l'ADE, les réclamations des abonnés ne s'arrêtent pas. "Je suis venue pour vous dire que je ne paierai plus de factures, je ne reçois plus d'eau, je ne paie pas", lance d'emblée une femme à son arrivée au siège de cette entreprise. Tentant de contenir sa colère, un agent l'oriente vers un bureau pour vérifier ses factures. Cette scène se reproduit chaque jour dans ce centre, débordé de réclamations et de protestations des abonnés.
Et dire que cette misérable situation s'est tellement banalisée qu'elle semble ne plus concerner aucun responsable, ni à l'échelle locale ni à celle à la wilaya, c?ur du pouvoir local. Aucun organisme n'a daigné intervenir pour dire assez à cette situation déplorable dans cette ville qui reste la seule parmi les grandes agglomérations de la wilaya de Jijel qui n'a pas bénéficié d'un projet de rénovation de son réseau d'AEP. Inscrit à l'ordre du jour depuis plusieurs mois dans le cadre d'un programme de mise à niveau, celui-ci tarde à être lancé.
Quant à la mise en service de l'important projet d'AEP à partir du barrage de Boussiaba, qui a été achevé, selon les responsables qui ont supervisé sa réalisation, elle est renvoyée d'un mois à l'autre depuis plus d'une année. "On attend l'eau brute, nous sommes prêts pour le traitement et le pompage en direction de la ville", confie un responsable de ce projet, avant d'ajouter que "le problème avec Sonelgaz est normalement réglé, selon les responsables de l'ANBT, qui assurent que le pompage de l'eau interviendra dans une dizaine de jours".
Avec cette promesse, un autre délai est lancé en attendant la mise en service effective de ce projet, qui alimentera dans son sillage cinq autres communes de la partie est de la wilaya de Jijel.

Amor Z.


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