La société civile se rebiffe Pénétrante de Béjaïa

Les retards accumulés reléguant aux calendes grecques le lancement du projet de la pénétrante de Béjaïa ont fini par entamer la patience de la société civile.
Trente-quatre associations, les plus en vue dans la wilaya, dont quelques syndicats, et des personnalités, essentiellement des intellectuels, viennent de signer un «plaidoyer pour le démarrage immédiat et effectif des travaux de réalisation de la pénétrante». Une exaspération profonde, qui est celle de la rue, se dégage du document signé : «Béjaïa souffre. Sa population est suppliciée, noyée dans la colère, le dépit et le désespoir. Le sentiment collectif de marasme ambiant est omniprésent. Son économie, qui détermine le bien-être de sa population, étouffe de jour en jour. Les pertes quotidiennes occasionnées aux agents économiques tant publics que privés sont énormes. Quelques entreprises privées ont déjà délocalisé leurs usines, d'autres pensent à le faire.»
Le plaidoyer, ouvert à de nouvelles signatures, rappelle le supplice des encombrements qui allongent le trajet de 95 km reliant Tazmalt et Béjaïa en cinq heures sur des routes «catastrophiques». Cette asphyxie contraint aussi une partie des populations de la vallée de la Soummam à «partir vers Zemmouri dans la wilaya de Boumerdès, traverser deux wilayas, que de se rendre vers la station balnéaire de Tichy ou les magnifiques plages de Boulimat ou de Saket». Comme conséquences de ces demi-tours forcés, «c'est tout le développement socioéconomique et culturel de notre wilaya qui est mis en péril». Pour ces représentants de la société civile, la pénétrante «reste un rêve qui tarde à se réaliser». «Des années de paroles, de promesses, de tergiversations, et au final, toujours rien.
D'étude en étude, de déclaration en déclaration, le projet est sans cesse remis aux calendes grecques. La population est à bout», déplorent-ils, en exigeant des réponses sur le pourquoi de ces atermoiements. «Nous voulons savoir! Nous exigeons des réponses. Il y va de notre quotidien et de l'avenir de nos enfants ! Il y va aussi de la stabilité de la nation qui est menacée par ces frustrations exaspérées par les marginalisations que provoquent les déséquilibres régionaux.» Le document traduit un sentiment général d'abandon et d'illusion. Plaidant pour une «citoyenneté agissante», les signataires crient : «Halte à toute pression qui s'exerce sur la société et qui la pousse, à travers des actions anarchiques et parfois violentes, à s'autodétruire et à s'enfoncer dans la crise», évoquant à l'occasion les récurrentes fermetures de routes et suggérant d'agir en amont des conflits.