Algérie

La société civile s'implique


Nous ne suspendrons pas notre grève de la faim tant que nos revendications ne seront pas satisfaites. Nous n'avons pas choisi la mer pour mourir, nous avons décidé de nous priver de nourriture plutôt que de vivre dans l'indignité et la hogra », a observé, hier, un enseignant contractuel en grève de la faim depuis quinze jours. L'état de santé des grévistes s'est sensiblement dégradé en l'absence, surtout, d'une prise en charge médicale et d'un soutien psychologique. Plusieurs grévistes ont été évacués en urgence à l'hôpital, d'autres souffrent en silence. J'ai été hospitalisé au service de réanimation et cela ne m'a pas empêché, une fois sorti, de poursuivre la grève et je ne vais pas arrêter même si le prix à payer est la mort », a déclaré un enseignant qui regrette et déplore l'inhumanité des pouvoirs publics et le mépris du ministère de l'Education nationale.Toutefois, face à l'indifférence du ministère de l'Education, la société civile s'est ressaisie et a décidé de réagir. Selon toute vraisemblance, la grève de la faim des enseignants contractuels a suscité une vive réaction et a permis incontestablement le réveil de certaines parties de leur longue léthargie. En effet, aujourd'hui est prévu un rassemblement devant le ministère de l'Education nationale, à El Mouradia. Les participants seront nombreux à cette action initiée par le Comité national des enseignants contractuels. Il s'agit de représentants des partis politiques (FFS, RCD, PST, MDS et MSP), du CCDR et de l'Intersyndicale (CLA, Cnapest, Satef, SNTE, SNPME, Snapap, Cnes), qui seront au rendez-vous programmé à partir de 13h. Une délégation composée de représentants de six syndicats autonomes va tenter la médiation entre les grévistes et le ministre de tutelle. Elle va insister sur l'ouverture de négociations afin de débloquer ce problème épineux.« L'ouverture de dialogue s'impose, car il s'agit d'une question de vie ou de mort. Notre démarche se veut une énième interpellation des pouvoirs publics. Il s'agit de sauver des vies humaines et c'est en quelque sorte un signe de détresse que nous lançons aux autorités de ce pays », a souligné le président du comité de suivi du mouvement de grève lors d'une conférence de presse animée hier au siège du Snapap. Si les manifestants sont empêchés par les services de l'ordre de rejoindre le ministère, ils changeront de cap pour tenter d'atteindre la Présidence... M. Saâdali, porte-parole du Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation (Satef), a souligné le courage des grévistes qui sont, de son avis, en train de mener un combat non seulement pour l'école algérienne mais aussi pour l'avenir du pays. « C'est un combat historique », fait-il remarquer. M. Saâdali cite au passage quelques déboires vécus par les enseignants contractuels. Il est triste, note-t-il, qu'un vacataire éprouve des difficultés à acheter un ticket de bus pour aller enseigner. « L'enseignant dévalorisé dans sa dignité ne peut pas donner de leçon aux enfants de demain », estime l'intervenant, qui a appelé à l'élargissement du cercle de solidarité à l'échelle nationale et internationale. « Si les pouvoirs publics ne débloquent pas la situation, nous allons enclencher une campagne internationale de solidarité et nous allons même saisir et sensibiliser les instances internationales sur le vécu des enseignants », a souligné M. Saâdali. Le représentant du Cnapest remet complètement en cause les critères d'accès au concours de recrutement.Sur cette question justement, une enseignante présente à la conférence a donné des détails sur le déroulement du concours organisé hier par le ministère de l'Education et auquel elle a pris part. « L'inspecteur m'a juste demandé un CV détaillé que j'ai donné verbalement, ainsi que les raisons qui m'ont poussée à choisir le secteur de l'enseignement », a expliqué la candidate. Tous les intervenants ont décrié les conditions dans lesquelles se tient ce concours. M. Saâdali est revenu à la charge en rappelant que les recrutements dans le secteur de l'éducation ont été bloqués en 1995 et les enseignants partis en retraite depuis cette date ont été remplacés par des contractuels. « Et aujourd'hui, on ne veut plus d'eux. C'est de l'ingratitude ! », s'est exclamé le représentant du Satef, qui est convaincu qu'avec ces pratiques, l'Algérie n'aura jamais une école de qualité. « L'école réelle est en train de régresser et les taux avancés en fanfare par le ministre sont préfabriqués. Comment expliquer qu'un élève ait des avertissements tout au long de l'année et qu'à la fin il décroche le bac avec 12 de moyenne ' », s'est-il interrogé.Le président du comité ne comprend pas pourquoi, dans certaines wilayas, les dossiers des enseignants contractuels pour l'accès au concours de recrutement ont été rejetés alors que dans d'autres régions, ils ont été acceptés. Les enseignants contractuels revendiquent leur intégration sans condition et le paiement de leurs arriérés de salaire. La Ligue algérienne des droits de l'homme se solidarise avec les grévistes et décide, à cet effet, de poursuivre en justice le ministère de l'Education nationale.
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