De notre correspondant à Tizi Ouzou
Malik Boumati
Le président du Conseil national économique et social (CNES), Mohamed Seghir Babès, est revenu, hier, à Tizi Ouzou pour le second acte de la rencontre régionale autour du développement local et des attentes des populations. il a, ainsi, accueilli la «société civile» des trois wilayas concernées, à savoir Boumerdès, Bouira et Tizi Ouzou, et ce, après une première rencontre avec les responsables de l'administration et des élus locaux, organisée le 23 octobre dernier. Dans la salle réservée à l'événement, il s'est retrouvé face à des centaines de membres d'associations et organisations des trois wilayas, gravitant en majorité autour de l'administration et du pouvoir. Son v'u, exprimé la semaine dernière, de voir «toute la société civile, y compris ceux qui sortent avec des banderoles dans la rue», n'a finalement pas été pris en compte par les organisateurs de la rencontre. Qu'à cela ne tienne, le président du CNES et ses collaborateurs ne pouvaient pas s'occuper du choix des participants, même s'il se dit en mission historique pour laquelle il a été chargé, par le chef de l'Etat, dans le sillage des réformes politiques qu'il a décidé de mener. «Il s'agit de repartir vers la base pour avoir son avis sur le développement local et les attentes et autres ambitions des citoyens desquels vous êtes les plus proches», a dit Mohamed Seghir Babès, lors de son intervention, rappelant le caractère historique des rencontres que son institution chapeaute dans différentes régions du pays et qui vont aboutir à une rencontre nationale, entre le 20 et 25 décembre prochain, dont les recommandations finales seront incorporées dans le plan national des réformes engagées par Bouteflika. Pour lui, les rencontres de consultation organisées sous l'égide de l'organisme qu'il dirige, sont «un vrai exercice de la démocratie participative». Les participants, membres de la société civile, même s'ils sont assimilés à des organisations de masse du pouvoir, ont abordé plusieurs questions qui se posent aux citoyens des trois wilayas. Un intervenant de Tizi Ouzou, l'un des 115 inscrits pour intervenir, met en exergue le retard accusé par sa wilaya en matière de développement économique. Il faut des investissements lourds pour rattraper ce retard, dit-il, liant cette problématique au taux plus qu'élevé de chômage qui gangrène la wilaya. C'est le même problème qui a été soulevé la semaine dernière par le wali de Tizi Ouzou, qui parlait de l'incapacité du tissu industriel existant d'employer plus de 11 000 personnes, dont 6 500 employés par des entreprises publiques. De nombreux participants des trois wilayas aborderont cette question des investissements économiques, essentielle, selon eux, pour la création de richesses et d'emplois et qu'ils qualifient de source principale de la dignité humaine. En s'adressant au président du CNES, un intervenant de Bouira rappellera qu'une conférence a réuni des jeunes, deux tiers de la population algérienne, à Alger en 2007, qui ont exposé leurs problèmes, mais rien n'a été fait depuis ce temps. Il dira espérer que cette fois sera la bonne, avant de céder la parole à un animateur associatif de Dellys, dans la wilaya de Boumerdès, qui a exprimé le v'u de voir le port de Dellys retrouver son prestige d'antan et appelé les pouvoirs publics à aider les autorités municipales pour une prise en charge sérieuse du développement local.Un autre jeune de Tizi Ouzou interviendra pour dénoncer la non-consommation par l'administration locale des budgets alloués par les pouvoirs publics. A ce titre, il dira ne pas comprendre que la société civile ne soit pas écoutée, alors qu'elle a souvent dénoncé cet état de fait. «Les pouvoirs publics ne suivent pas l'argent qu'ils accordent aux wilayas et la société civile dénonce pour rien», estimera-t-il avant qu'un autre animateur associatif ne dénonce la façon dont est dépensé l'argent public, notamment à travers les différents dispositifs d'aide à l'emploi de jeunes. «Tous les jeunes ne veulent pas être patrons», lancera-t-il, allusion au dispositif de l'ANSEJ, précisant que les jeunes sont à la recherche plutôt d'un travail digne qui préserve leur dignité. D'ailleurs, ce n'est pas le seul intervenant qui dénoncera ces dispositifs qui offrent aux jeunes des emplois précaires avec des salaires dérisoires loin d'atteindre le SMIG. Comme cette responsable d'une association de promotion de la femme rurale, qui a défendu l'idée d'activités spécifiques pour les femmes rurales, comme le tissage et même la poterie.
Posté Le : 01/11/2011
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : M B
Source : www.latribune-online.com