«Les anciens,
Monsieur, sont les anciens, et nous sommes les gens de maintenant». Molière
Des consensus
plus ou moins explicites se font jour et de plus en plus d'acteurs sociaux,
politiques, culturels, institutionnels ou à la marge du système font entendre
des voix nouvelles et en même temps indiquent des voies. Ces dernières,
soumises au débat et à l'étude, peuvent mener, selon leurs promoteurs, à un
chemin de sortie de crise, pacifique, rassembleur, qui draine toutes les
compétences et énergies nationales en Algérie et au sein d'une diaspora riche
et porteuse de créativité, d'expertises et tout aussi patriote, sinon plus que
le trop-plein d'appareils rentiers, sclérosés, terrifiés par les mutations du
pays et du monde. Après le discours, naturellement controversé du président de
la République, le signal a été donné pour aller à des réformes systémiques, à une
autre gouvernance, à d'autres formes de représentativité et d'action. Mais
avant que des processus lourds se mettent en branle, il est impératif que le
règne du débat arrive sur cette terre, après la parenthèse enchantée, vite
refermée, des réformes de la fin des années 80 et début 90.
Le Conseil national économique et social
(CNES) réagit, prend une initiative toute nouvelle, conforme à ses missions
d'institution consultative à l'écoute de la société actuellement en ébullition,
décidée à aller de l'avant, vers le meilleur, pacifiquement, sans compromission
sur l'essentiel selon les catégories, les obédiences, les intérêts, les
ambitions, etc. Un tel chantier, le CNES l'ouvre en organisant «les états
généraux de la société civile» les 15, 16 et 17 juin prochain au Palais des
Nations, essentiellement pour ses capacités logistiques, sa portée symbolique.
Parallèlement aux débats et aux conflits qui agitent le pays, le CNES dans son
rôle invite la société civile à dire, à proposer ses préoccupations et la vision
qu'elle a de l'avenir. Reconnus et adoubés ou pas par les pouvoirs publics, à
travers des diversités elles-mêmes sources de richesse, les associations, les
syndicats, les créateurs, les élites d'ici et de la diaspora, les chômeurs et
tous les acteurs peu ou prou représentatifs des mouvements en action dans le
pays, seront présents. Si les acteurs politiques au pouvoir et dans
l'opposition se sont exprimés et s'expriment dans les journaux, la société
civile, par sa nature et par le confinement et les révoltes qu'elle vit depuis
des décennies, est perçue selon les réalités objectives du pays.
Fragmentées, parfois réprimées, organisées,
souvent improvisées, manipulées sinon rémunérées, toutes les articulations de
la société civile n'ont jamais pu se réunir dans une énorme agora pour faire
connaissance et s'écouter. L'initiative du CNES arrive à un moment charnière de
l'évolution de l'Algérie qui se trouve, nolens volens, dans un environnement immédiat qui ressemble plus à
un chaudron sur le feu qu'à un lac de paix. Pourquoi le CNES ?,
peuvent se demander légitimement de nombreux observateurs et acteurs. Tout
d'abord, l'institution est dans son rôle, alors qu'il a pu lui être reproché de
ne pas beaucoup s'impliquer dans les contradictions du pays. Mais ce qui
apparaît essentiel, sinon déterminant quant à la réussite et à la moisson
espérées, c'est que le CNES n'est pas dans un sillage d'obédience partisane,
qu'elle soit au pouvoir ou dans l'opposition. En décidant ces états généraux,
nonobstant les résultats au final, le Conseil national économique et social
transcende un tabou qui n'a l'air de rien mais qui mérite d'être pesé pour ce
qu'il est. Pour la première fois, les acteurs et actants ne seront pas
exclusivement ceux qui ont l'onction des pouvoirs publics à travers des
agréments, la tripartite, l'appartenance à une «famille», mais tous ceux qui
ont une existence sur le terrain des luttes, de la réflexion, de la formation,
de la création, de l'entreprise, du syndicalisme, etc.
Selon le
président du CNES, M. Babès, l'essentiel est d'aller
à «l'approfondissement de réformes structurelles adossées à une transition
systématique non cataclysmique» qui fasse l'économie «d'une fracture sociale
dommageable».
Au Club des pins,
quatre grands ateliers auront, selon les thématiques adoptées par le comité de
pilotage, à débattre d'enjeux décisifs pour le pays. Ces thématiques, qui
serviront de catalyseurs aux discussions qui seront restituées aux pouvoirs
publics, se déclinent comme suit :
1- Pour un
nouveau régime de croissance ;
2- Pour un
système de protection sociale, de solidarité nationale et d'inclusion sociale
inscrit dans la durabilité ;
3- Une
gouvernance rénovée: dialogue social/ démocratie
participative/co-responsabilité citoyenne.
4- Mise à jour de
l'ensemble des politiques publiques orientées «jeunesse».
L'opportunité
offerte par le CNES aux centaines de participants qui font la richesse, les
combats et les attentes de larges pans de la société, organisés ou pas, pourra
effectivement libérer la parole. Celle de la société civile qui n'est pas dans
la logique des appareils politiques tendus vers la prise ou la conservation du
pouvoir, mais dans la recherche pacifique des consensus vers la meilleure
gouvernance possible, mérite enfin d'être écoutée, transcrite et transmise
honnêtement. Il appartient en premier lieu aux principaux concernés qui vont se
retrouver de réaliser des états généraux à hauteur des attentes et des
mutations profondes que vit le pays.
Précision
Il faut rendre à
César ce qui appartient à César. L'auteur de la Chronique «Le dit du
jeudi »,Abdou B,(Abdou BENZIANE) n'est pas Abdou BENABBOU.La confusion s'étant élargie dans l'esprit de
nombre de nos lecteurs, le devoir de morale me contraint à apporter cette
clarification étant du reste incapable d'égaler son génie d'écriture ,ni de
posséder sa grande et riche expérience.
Abdou BENABBOU.
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Posté Le : 28/04/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Abdou B
Source : www.lequotidien-oran.com