Algérie

La Snvi et El Hadjar sur une poudrière Les deux complexes industriels connaissent des problèmes structurels et financiers



La Snvi et El Hadjar sur une poudrière                                    Les deux complexes industriels connaissent des problèmes structurels et financiers
Photo : S. Zoheir
Par Salah Benreguia
Filiale du géant mondial de l'acier, Arcelor Mittal, l'usine d'El-Hadjar est une ancienne propriété de l'Etat algérien rachetée à 70% en octobre 2001 par l'Indien Ispat, une entreprise du groupe ArcelorMittal. Employant 7 200 employés, ce complexe connaît des manifestations cycliques de travailleurs. Après la Société des tubes sans soudure (Ampta) qui est au bord de la faillite, faute de commandes, l'usine d'El-Hadjar (l'unité mère) pourrait connaitre une rupture de stock du minerai de fer d'ici la fin de semaine. La cause ' «Le site minier d'El Ouenza (Tébessa) qui fournit le complexe d'El Hadjar en minerai de fer est à l'arrêt total depuis mercredi», selon des sources syndicales. En effet, le gisement du minerai de fer d'El Ouenza, exploité par ArcelorMittal Tébessa, n'assurait plus un approvisionnement «constant» depuis plus d'un mois. Et cette situation n'est pas sans incidence sur le plan financier. Le secrétaire général du syndicat d'ArcelorMittal Annaba l'estime à quelque 2 millions de dollars de pertes financières sur une semaine. Pour les différents observateurs, les problèmes que connait la filiale du géant mondial de l'acier ArcelorMittal ne datent pas d'hier. Car ce complexe est tombé dans un cycle de contestations, aussi bien sur le plan social que sur celui de la production. On se souvient, à titre d'exemple, de la protestation contre la fermeture de la cokerie employant 320 salariés, dont la rénovation coûterait 40 millions de dollars qui a fait les choux gras de la presse nationale, il y a une année. Pour faire face aux grèves et contestations cycliques, la direction du complexe avait présenté, en 2010, un plan d'investissement de 200 millions de dollars entre 2010 et 2014. Un plan «qui ne tient pas compte de la rénovation de la cokerie», a souligné Smaïl Kouadria, le secrétaire général du syndicat de cette entreprise. Pour ce dernier, l'Etat algérien, qui détient toujours 30% du capital du complexe d'El Hadjar, société de droit algérien, «doit mettre en place un système de protection de la production nationale d'acier», à travers des incitations fiscales favorables et des prêts bonifiés par exemple. Mais deux ans après, la tension persiste toujours. Les spécialistes soutiennent que derrière ce conflit social, se profile une réalité des plus difficiles : crise financière en Europe, résiliations de contrats, entreprises de sous-traitance en faillite avec mise au chômage de centaines de travailleurs, accidents de travail récurrents, détournements et fausses factures. C'est dire qu'ArcelorMittal d'El Hadjar est dans la tourmente et risque, à son tour, de connaître le même sort que certains sites de production en Europe'

Snvi : les mises en garde l'Ugta
La Société nationale des véhicules industriels (Snvi) se portait comme un charme du temps de «l'industrie industrialisante». Peu à peu, l'ouverture du marché économique ne tardera pas à faire vaciller cette société qui subira les contrecoups des Plans d'ajustements structurels (PAS) imposés par le Fonds monétaire international (FMI) en 1996. A vrai-dire, la Snvi n'était pas la seule victime. D'autres entreprises nationales ont également été livrées aux griffes du FMI. A l'époque déjà, le gouvernement s'était proposé de racheter le découvert bancaire pour un montant total de 2 milliards de dinars, la prise en charge par le Trésor public, sur une durée de 21 mois, des agios liés au découvert bancaire de 3 milliards de dinars, la prise en charge intégrale par le Trésor, du coût du volet social, à hauteur de 725 millions DA et enfin, la conversion éventuelle en titres participatifs d'une partie des obligations émises par la Snvi au profit du Trésor public. En contrepartie, 8 unités de la Snvi seraient fermées.Toutefois, l'exécution de ce plan d'assainissement s'est révélée partielle. Du coup, la situation de la Snvi ne s'est pas améliorée. Commence alors une véritable régression. En 2002, les approvisionnements de la Snvi au titre de l'exercice 2001 ne sont pas encore engagés, eu égard à son découvert bancaire et à son endettement. A cette période, l'entreprise a connues des compressions de ses effectifs de l'ordre de 8 500 travailleurs et la fermeture de 11 de ses unités. Le coup est dur... Et il le restera longtemps, d'autant que ladite entreprise connaît régulièrement son lot de contestations. Le dernier exemple est la paralysie, il y a quelques jours, de toutes les unités de l'entreprise. L'argument mis en avant par les travailleurs est «le mutisme affiché par la direction» à leur plate-forme de revendications formulée le 8 décembre dernier. Celle-ci évoque en substance «la mauvaise gestion de l'entreprise, le retard dans la mise en 'uvre du projet d'organisation du groupe Snvi, le retard délibéré dans la finalisation du projet d'organisation du groupe Snvi, la gestion opaque du dossier du partenariat, le rappel des responsables mis en retraite, et ce, en violation de la réglementation en vigueur, la mauvaise volonté clairement affichée par la direction générale lors des négociations relatives aux modalités d'attribution de la médaille du Mérite, conformément à l'accord collectif du 5 septembre 2011'»En somme, et à l'instar de la Snvi, le complexe d'El Hadjar mérite plus de soutien. Et ce n'est pas l'argent qui manque. Car il y va de l'avenir de l'outil de production et de la pérennisation de la production nationale ainsi que de la sauvegarde de la paix sociale. A ce propos, le Secrétaire général de l'Union général des travailleurs algériens (Ugta), Abdelmadjid Sidi Saïd, avait mis en garde, le 14 décembre dernier, contre le risque d'«explosion sociale» en Algérie. «Les autorités refusent de régler les problèmes des travailleurs. Il n'y a pas de réponses convaincantes à leurs revendications», a déclaré le patron de la centrale syndicale, à la presse, en marge d'une réunion des cadres de son organisation à Alger. «Quand les travailleurs sortiront dans la rue [pour protester], qui va assumer la responsabilité d'une explosion sociale ' L'Ugta ou ceux qui n'ont pas répondu favorablement à leurs revendications '», s'est-il interrogé.


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