Algérie - A la une

La SNTF déteste-t-elle à ce point sa clientèle '



La SNTF déteste-t-elle à ce point sa clientèle '
A quel saint se vouer au cas ou une entreprise publique, autrement dit étatique, censée servir le citoyen, délaisse celui-ci. C'est le cas des usagers du train de la banlieue algéroise, qui prennent leur mal en patience. «A qui voulez-vous que je me plaigne, tout le monde est au courant du sabotage de la SNTF, du plus haut responsable jusqu'au plus simple. La seule chose que je puisse faire est de se soumettre à cette réalité malgré moi. Je n'ai pas le choix», tonne un voyageur.Thénia-Alger, ou Thénia-Réghaïa-Alger, c'est au total 50 km de distance à sillonner en deux heures et parfois trois heures à bord d'un train. Cela est tout a fait normal dans un pays dont les responsables ne manifestent aucun respect envers le citoyen et où la notion du bon service n'existe pas. Un fonctionnaire qui prend régulièrement le train depuis Boumerdès où il réside, jusqu'à Alger, lieu de son travail, nous a assuré que la circulation ferroviaire enregistre une flagrante perturbation : «Si vous passez une seule journée à superviser les allers et retours du train, vous vous rendez compte de l'amateurisme qui caractérise la gestion de ce moyen de transport vital. Je vous parle ainsi parce que je suis témoin. Je prends quotidiennement le train et je souffre, comme des milliers de voyageurs, du retard et de la mauvaise programmation, en silence.» Tel est le vécu d'un client de la Société nationale des transports ferroviaires. Une société qui s'est dotée depuis quelques années d'une flotte dernier cri, à un prix exorbitant. En dépit de ce réaménagement, le casse-tête n'en finit pas et il s'avère que le problème n'est pas dans l'engin, mais plutôt dans les cerveaux humains. «Nouveau train ou ancien, ça n'a rien changé. Les problèmes du retard existent toujours, annulation de navette sans préavis... Pis, le nouveau train a causé de nouveaux tracas aux voyageurs comme par exemple la climatisation qui ne fonctionne pas au bon moments. Par exemple, quand il fait chaud, les voyageurs s'asphyxient car il n'y a pas d'aération, ni fenêtres ni portes ouvertes. Alors ça, c'est un problème de train aussi ! Je pense qu'il s'agit bel et bien d'un mauvais usage de la technologie. Le plus dur dans cette affaire est que personne ne se mobilise pour rétablir les choses. Nous sommes pris en otage.» Il y a quelques mois, la voie électrique reliant Reghaïa à Thénia a été interrompue après que des habitants ont mis à bas les poteaux et volé les câbles électriques. Par conséquent, ce train ne circule plus sur cette voie et la vie devient plus compliquée pour les usagers. Face à ce nouvel handicap, les responsables de la SNTF ont pris tout leur temps pour réagir. Samy, étudiant de littérature allemande à Bouzaréah est l'une de ces innombrables victimes de ce saccage, et il a accepté de nous raconter sa mésaventure : «Le secteur du transport ferroviaire est mal géré chez-nous, cela a été confirmé une nouvelle fois après le gel de la ligne Réghaïa-Thénia. On devait emprunter le bus jusqu'à Reghaïa pour pouvoir ensuite trouver un train vers la capitale. Il y avait un monde fou et les bus étaient exigus pour contenir la grande affluence de la foule. Le plus agaçant dans tout cela est le manque de communication de la SNTF, elle n'a jamais existé. Cette entreprise nous a livrés à nous-mêmes. Je me suis présenté à mainte reprises, en personne, auprès des services des gares de Boumerdès, Corso et Reghaïa pour avoir des nouvelles sur la reprise du train électrique, mais personne ne m'a donné la moindre confirmation. On était comme une troupe de bétail sans berger. La preuve, cette voie est restée comme elle était il y quelques mois, et les poteaux de caténaires traînent toujours à même le sol au su et au vu de tout le monde.» Effectivement, la société publique n'a jamais rendu un rapport ou un semblant de communiqué pour informer les voyageurs sur la date de reprise du train électrique. Les voyageurs payent, pour rappel, le prix d'un billet du train électrique mais qui empruntent en revanche le diesel. «Les gens ne savent pas qu'ils acquièrent un titre de voyage n'est pas compatible avec le moyen utilisé. La SNTF, elle aussi, garde les yeux fermés et joue la négligence. C'est du vol !» enchaîne fermement un autre usager. Vole-t-on l'argent des Algériens' Selon toute vraisemblance, la réponse est positive. En voici comment : le billet Boumerdès-Alger est estimé à 70 DA la place sur un train électrique. Mais depuis que ce dernier ne circule plus et fut remplacé par le train diesel sur le tronçon Thénia-Reghaïa, le citoyen continue de payer le même tarif alors que, logiquement, le prix devrait baisser de quelque 10 ou 15 DA. Outre ces failles dans le mode de gestion, il faut signaler de remarquables incidents. Plusieurs cas d'agression et de vol ont été déplorés notamment au niveau du périmètre Reghaïa-Corso, ce qui met en cause les mesures de sécurité mises en place par la SNTF pour protéger sa clientèle. Pour un quadragénaire, la vie des passagers est souvent mise en danger, écoutons-le : «J'ai vécu des terribles moments à bord de ce maudit train. Un jour, des délinquants ont attaqué les voyageurs avec des sabres et des couteaux. Plusieurs personnes ont été fouillées et dépossédées de leurs objets. Cela s'est passé au niveau de la gare de Boudouaou un certain mois d'hiver. Les agresseurs avaient remarqué l'absence des agents de sécurité avant d'exécuter leur coup. Cela ressemblait à un film hollywoodien.» Un triste constat. Notre témoin a tout a fait raison. Nous avons fait l'expérience d'emprunter le train de la banlieue est d'Alger et le résultat fut surprenant : aucun agent de sécurité. A 19h, sur le dernier train à destination de Thénia, la gare est déserte. A cette heure-ci, l'atmosphère est inquiétante. On n'y croise que des figures patibulaires. Ce train, plutôt «foutoir», est déconseillé aux familles. Dans un recoin paraît un jeune homme, la tête plaquée sur la vitre, cigarette entre les lèvres. Il avait l'air décontracté, se fichant de tout. Alors que la cigarette est interdite dans les train, notre ami n'a trouvé, hélas !, aucun agent de la SNTF pour le remettre à sa place et assurer le bien-être des passagers. «Vous n'avez rien vu, nous chuchote quelqu'un en remarquant notre stupéfaction. Ici, vous pouvez voir pire que ça : des soûlards, des saccageurs, des agresseurs, provocateurs... Nous voyageons dans une terreur grandeur nature.» Des milliers de citoyens se demandent pourquoi ce délaissement ' Ne sommes-nous pas des clients de la STNF ' Ne méritons-nous pas un traitement meilleur ' Pourquoi une telle gestion d'un service de transport aussi important ' N'est-il pas temps de revoir les choses et de demander des comptes aux responsables de cette entreprise ' «Ils ont compris que le citoyen n'a pas d'autre choix que le train pour se déplacer. Voilà les raisons de leur autoritarisme. Si je n'étais pas forcé à emprunter le train, vous ne m'auriez jamais vu ici», conclut tristement notre interlocuteur.




Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)