La diversification de l'économie n'est plus une simple option, c'est une obligation incontournable que le phénomène du coronavirus "va sans doute imposer encore plus vite", a estimé hier Mouloud Hedir, ancien directeur du commerce extérieur au ministère du Commerce, cité par l'APS. "Dans l'immédiat, la question qui se pose est celle de la résilience de notre système économique et de sa capacité à faire face à cette crise sans précédent avec le minimum de dégâts possible", a indiqué M. Hedir. Cette crise, a-t-il ajouté, "confirme la faiblesse de notre système de production, qui privilégiait des années durant le recours à l'importation pour répondre aux besoins de la population". Pour Mouloud Hedir, économiste et expert des politiques commerciales, des changements sont plus que jamais impératifs dans le domaine du commerce extérieur, car la situation "va rapidement devenir intenable".L'expert fait référence, notamment, à la balance des paiements qui accuse des déficits importants estimés entre 20 et 30 milliards de dollars annuellement. "Des transformations profondes devraient être introduites graduellement aussi bien pour la structure des échanges que pour les relations bilatérales avec les principaux partenaires et pour les accords commerciaux qui lient l'Algérie à certaines zones économiques", a-t-il plaidé. Mouloud Hedir estime que le cas de la Chine illustrait parfaitement cette nécessité du changement de la structure des échanges commerciaux.
Le déficit commercial avec ce pays oscille entre 6 et 8 milliards de dollars annuellement. Cet état de fait est valable aussi, a-t-il signalé, avec les deux autres principaux partenaires commerciaux de l'Algérie, à savoir l'Union européenne et les Etats-Unis. L'expert estime que "la remise en ordre et la cohérence de notre politique commerciale extérieure sont une nécessité aussi bien pour les acteurs économiques internes que pour l'ensemble de nos partenaires extérieurs".
S'il appuie la décision du gouvernement d'engager une évaluation profonde des accords de libre-échange existants, M. Hedir estime que cette initiative ne devrait pas être "confinée" aux seuls cercles de l'administration, pour donner lieu à un large débat public. Au-delà du commerce extérieur, c'est toute la politique économique suivie jusque-là, qui privilégie le recours à l'importation, qu'il faudrait remettre en cause. "C'est cette politique structurelle qu'il convient de remettre en cause, pour la réorienter dans le sens de l'appui à la production locale", a-t-il indiqué.
L'économiste invite les pouvoirs publics à tirer les leçons de cet événement brutal qui vient de s'abattre sur l'économie mondiale en vue de mettre en ?uvre des réformes profondes. L'expert a insisté sur la nécessité d'engager des réformes qui doivent être "acceptées par la population", étant donné que l'"état d'urgence" économique actuel commande, d'après lui, le recours à des mesures "exceptionnelles" qui devraient être prises dans tous les secteurs d'activité. Le Premier ministre a lui-même évoqué, il y a quelques jours, une "situation catastrophique sur tous les plans" et "de grandes menaces qui pèsent sur la situation économique et sociale du pays".
Dans ces conditions, avait indiqué récemment Mouloud Hedir au journal Liberté, la sauvegarde du tissu économique existant, et d'un minimum de pouvoir d'achat des couches les plus vulnérables de la population, commande le passage obligé par des mesures plus audacieuses que celles jusque-là retenues. "Les réformes, qui depuis des années étaient chaque fois renvoyées à plus tard, que ce soit le ciblage des subventions, la révision graduelle des prix des produits de base, l'ajustement du taux de change, etc., deviennent maintenant incontournables", avait-il estimé. Selon lui, sans une mobilisation de toutes les énergies et l'engagement actif de l'ensemble des acteurs, c'est toute notre économie qui est menacée d'effondrement. "La politique économique doit vraiment changer de braquet face au tsunami qui pointe à l'horizon", avait-il souligné.
M. R.
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Posté Le : 30/03/2020
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Meziane RABHI
Source : www.liberte-algerie.com