Algérie

La situation politique passée sous silence



Hormis les quelques voix discordantes de l'opposition, le RCD avec 19 députés, et quelques parlementaires indépendants qui ont essayé de donner à  l'APN quelques couleurs, le reste aura assurément, s'il y demeure un brin de conscience et de morale politique, à  se poser des questions sur leur utilité au sein de cette institution qui n'a servi en réalité que de caution à  toutes les politiques publiques qui ont produit ce qu'on voit aujourd'hui dans le pays: l'échec. Bien verrouillée à  la base, à  travers des élections qui ont manqué terriblement de transparence, beaucoup parlent aujourd'hui de fraude avérée, l'APN n'a toléré en son sein qu'une poignée de contradicteurs sciemment minorisés qui, à  défaut du nombre, ne peuvent formuler aucune proposition de projet de loi. Mais plus encore, le bureau de l'Assemblée nationale a eu à  refuser même des propositions qui ont pu rassembler le nombre de signatures requises, à  l'instar des quelques élus indépendants qui avaient demandé à  l'entame de la session d'automne un débat général sur le phénomène de la corruption. Le groupe parlementaire du parti de Saïd Sadi en avait fait de même en appelant, en mars 2010, à  l'ouverture d'un débat général sur la corruption. Il est revenu à  la charge en exigeant en janvier dernier, après les émeutes qui avaient secoué plusieurs wilayas, l'ouverture d'un débat général sur la situation politique et sociale que traverse le pays.
Face à  un mur de refus, les députés de l'opposition n'avaient qu'un seul recours pour se faire entendre : l'interpellation des ministres à  travers les questions orales pour imposer quelques débats au demeurant aléatoires et sans effets sur le cours des événements. Mais souvent, les réponses du gouvernement sont programmées une année, voire même plus après le dépôt des questions sur le bureau de l'APN. Une seule proposition de projet de loi a pu àªtre l'émanation de quelques parlementaires issus essentiellement du FLN. Elle avait porté sur la criminalisation du fait colonial. La fin de la proposition tout le monde la connaît. Le gouvernement l'a mise sous le coude, et ses initiateurs n'ont pas jugé utile de revenir sur le sujet. L'Alliance présidentielle, composée du FLN, du RND et du MSP, qui bénéficie du soutien critique du Parti des travailleurs domine les débats au sein de l'Assemblée.
Bien que les plus importantes lois soient passées par voie d'ordonnances présidentielles, il n'en demeure pas moins que l'APN est réduite à  un rôle d'allégeance et de quitus à  toutes les décisions de l'Exécutif. La majorité a donné sa caution à  toutes les décisions même les plus impopulaires, et cela va de l'annulation de tous les crédits à  la consommation à  l'introduction de mesures draconiennes dans le code de la circulation. Ce qui se passe dans le pays, le vent de changement qui balaie  le monde arabe et surtout les échecs répétés et de plus en plus chaotiques, devraient les faire réfléchir.
Beaucoup de voix, de l'intérieur de l'APN elle-même, s'élèvent pour demander carrément sa dissolution. Le RCD revendique la dissolution de toutes les instances élues, le FNA de Moussa Touati et le PT, celle de l'Assemblée. C'est dans cette ambiance de fin d'une époque que le Parlement ouvre aujourd'hui sa session de printemps.
 


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