Algérie

«La situation en Algérie s'est améliorée par rapport aux années 1990» Andrea Ori. Directeur régional auprès du Haut-Commissariat des droits de l'homme



Directeur régional pour l'Afrique du Nord auprès du Haut-Commissariat des Nations unies pour les droits de l'homme, Andrea Ori affirme, dans cet entretien, avoir constaté une amélioration importante en matière de droits de l'homme par rapport à la situation des années 1990 durant lesquelles, dit-il, la torture était utilisée à une grande échelle. Pour lui, il n'y a pas de pays pire ou meilleur et aucun ne peut monter sur le podium et donner des leçons.
- Comment l'Algérie est-elle perçue aujourd'hui, après une décennie durant laquelle elle était pointée du doigt en matière de torture '

Nous avons remarqué, lors de la visite de la commissaire onusien des droits de l'homme, Mme Pillay, en septembre dernier, qu'il y a eu une amélioration très importante en matière de droits de l'homme par rapport à la situation des années 1990, durant lesquelles l'Algérie a eu à affronter le terrorisme et a eu recours à la torture à grande échelle. Comme je disais, il y a une amélioration pas uniquement dans votre pays, mais aussi dans plusieurs autres. Nous n'avons jamais achevé le parcours, qui est long et qu'il faut continuer. Il y aura certainement d'autres améliorations. Celle enregistrée en Algérie, perceptible avec la réforme du système judiciaire (lois et système législatif élaboré en 2004), sont de bons pas en avant. Maintenant, qu'est-ce que nous souhaitons ' Combler ce processus de signature du protocole facultatif, qui est un mécanisme additionnel qui va complémenter ce qui existe en Algérie et achever ce processus important.

- Pensez-vous qu'une législation préventive soit suffisante pour éradiquer la torture '

Nous remarquons qu'en général, lorsqu'il y a des mécanismes nationaux et internationaux, cela permet d'améliorer la situation des droits de l'homme, en particulier sur la torture. C'est quelque chose qui va aider l'Etat à remplir ses obligations nationales et internationales et répondre aux droits de ses citoyens.

- Au niveau de Genève, recevez-vous toujours des plaintes pour torture contre l'Algérie '

Comme j'ai déjà expliqué, le comité chargé de la mise en 'uvre de la convention contre la torture reçoit toujours des plaintes, et pas seulement de la part de l'Algérie, mais de nombreux autres Etats parties de la commission.

- Depuis l'avènement de la lutte antiterroriste au niveau international, la torture ne semble plus l'apanage des pays sous-développés ou répressifs ; elle est pratiquée y compris par les Etats où les droits de l'homme sont en général consacrés. Selon vous, la sécurité peut-elle justifier une telle violation '

En fait, il faut savoir qu'il n'y a pas d'Etat meilleur ou pire, aucun Etat n'est en mesure de monter sur le podium et de donner des leçons. Cela est très clair pour tous. Je pense qu'il faut apprendre des uns et des autres. L'histoire nous a appris que la torture n'a jamais été la solution à un problème. Il faut dépasser les moyens barbares et trouver des mécanismes adéquats, qui soient conformes aux obligations des uns et des autres. Ces moyens existent.

- Est-il possible d'interdire la torture ou le mauvais traitement contre des personnes vulnérables lorsque les lieux de détention sont toujours interdits d'accès, y compris pour les ONG de défense des droits de l'homme '

La commission s'attelle à y arriver petit à petit, en donnant des conseils techniques aux Etats membres pour remplir leurs obligations en matière de droits de l'homme. Nous travaillons en étroite collaboration avec la société civile, qui a un rôle très important pour appuyer et soutenir le rôle de l'Etat, pour promouvoir et protéger les droits de l'homme de tous les citoyens.

- Quelles sont les relations entre le Haut-commissariat et l'Algérie '

Nous n'avons pas un bureau national basé en Algérie, mais nous travaillons en étroite collaboration à travers nos partenaires internationaux et les agences onusiennes. Nous avons remarqué que lors de la dernière visite du commissaire des droits de l'homme, Mme Pillay, en septembre dernier, il y a eu un très bon soutien des autorités pour renforcer et multiplier ce partenariat avec l'Algérie dans le futur.

- Peut-on s'attendre à une visite en Algérie du commissaire chargé de la lutte contre la torture '

Il faut d'abord qu'il soit invité. Il faut savoir que toute visite se fait sur invitation du pays membre.


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