Algérie

La situation des médias et la liberté d'expression en Algérie


La situation des médias et la liberté d'expression en Algérie
Ils sont rares les livres sur les médias et encore plus particulièrement sur l'audiovisuel algérien.Et quand un livre sur ces deux sujets très présents dans notre vie quotidienne apparaît, il est très important, voire un devoir d'en signaler la présence et d'en capter la teneur. Médias et liberté d'expression en Algérie Repères d'évolution et éléments d'analyse critique, de Belkacem Mostefaoui résume, à lui seul, le sujet très pertinent de la situation de la liberté d'expression en Algérie. Ce livre qui sera présenté, vendu et dédicacé aujourd'hui à la librairie Mouloud-Feraoun à côté de la cité Amirouche entre Kouba et Hussein Dey, intervient au moment où RSF (Reporters sans frontières) publiait le classement de la liberté de la presse 2014. L'Algérie y est malheureusement classée 121e sur 180 pays derrière le Soudan-Sud, l'Ouganda, la Guinée et juste devant le Mali. Mais surtout ce livre sort au lendemain du jugement du tribunal correctionnel de première instance d'Oran qui a requis une peine de 18 mois de prison ferme ainsi que 30.000 DA d'amende pour une caricature non publiée. Un constat amer de la liberté d'expression qui est exposé dans ce livre de Belkacem Mostefaoui. C'est Me Abdenour Ali-Yahia, président d'honneur de la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme qui préface le livre et déclare: «L'Algérie a besoin d'une presse libre et de qualité qui n'est pas en liberté surveillée. ll faut ouvrir l'audiovisuel en direction de la télévision et des radios qui ont des obligations de service public. La télévision, reine des médias, considérée comme la principale source d'information, ne peut être celle de la pensée unique et de la parole unique. Un pays qui ne peut faire entendre d'autres voix que celles proférées par le pouvoir, ses alliés et ralliés, est menacée de déclin politique et intellectuel.»Dans ce livre d'analyses et de recherches de 250 pages, le professeur de l'Ecole supérieure du journalisme, Belkacem Mostefaoui fixe les repères et décrit la liberté de la presse en Algérie en deux parties.Une première partie est consacrée à la liberté de presse reconnue de la presse écrite, décrivant les différentes étapes traversées par la presse nationale, en passant par les années de plomb, la propagande de l'Etat, la situation de la presse du temps du parti unique, le FLN. Mais l'auteur décrit surtout et avec des articles de référence, la situation de la liberté de la presse dans une chronologie historique et politique du pays, durant les premières années de l'indépendance, aux dissonances dans l'unanimisme de la décennie 1980, en passant par les émeutes d'octobre 1988 et la force des revendications socioprofessionnelles portées par le Mouvement des journalistes algériens (MJA). L'auteur évoque également les conditions de naissance de 53 journaux de droit privé en 1990, le Code pénal, l'emprise de la publicité de l'agence ANEP et l'imprimerie d'Etat.La deuxième partie de l'ouvrage est consacrée à la télévision et au verrouillage du champ audiovisuel. De la tragédie nationale à l'ouverture démocratique, en passant par la décennie noire des années 1990 au prisme des télévisions étrangères, Belkacem Mostefaoui décrypte et décode les différentes étapes de l'audiovisuel algérien.: le monopole de l'Entv et retour sur la loi d'avril 1990 et les années 2000 marquent une démultiplication des offres de télés étrangères et de leurs attentes en Algérie.Dans sa conclusion, Belkacem Mostefaoui précise que les usages des nouveaux médias et l'Internet se constituent en facteurs décisifs de l'évolution de la société algérienne et de la nature de son Etat. «Nombre de jeunes internautes algériens se sont lancés dans la dynamique induite par leurs congénères tunisiens et égyptiens. Certains avec la prise de risque assumée d'affronter la répression. Ainsi, un cybernaute, chômeur algérois, n'a pas hésité à poster sur Youtube, à l'orée des législatives du 10 mai 2012, des vidéos appelant les Algériens à boycotter le scrutin. Le réseau des avocats algériens pour la défense des droits de l'homme (Raadh) a pris en charge bénévolement son dossier. Certains ont été jusqu'à créer aussi des sites d'information. A la suite de sa page Facebook Envoyés spéciaux algériens, née au début de l'année 2011, le créateur du site Nessnews explique ainsi la démarche: «Nous avons voulu offrir une tribune aux jeunes Algériens afin qu'ils puissent s'exprimer librement. Nous ambitionnons d'être un acteur qui contribue à l'émergence d'une nouvelle élite».Le cyber journaliste présente un autre objectif porté par son activité: «La précarité sociale du journaliste algérien nous impose à subir une instabilité professionnelle. Les salaires des journalistes sont tellement bas qu'il faut à chaque fois chercher ailleurs pour pouvoir prendre en charge sa petite famille». On regrette que Belkacem Mostefaoui qui demeure le seul auteur qui a consacré des livres sur l'audiovisuel algérien et maghrébin, n'ai pas attendu l'adoption de la loi sur l'audiovisuel. (Son texte a été envoyé à l'éditeur sûrement avant le passage du texte à l'APN) pour boucler le volet consacré à l'audiovisuel. Reste que l'ouvrage Médias et liberté d'expression en Algérie demeure la plus récente étude sur la situation de la presse écrite et audiovisuelle de ces derniers temps.


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