Algérie

La situation des femmes en nette régression 57 ans après Leurs aînées ont pris part activement à tous les mouvements d'émancipation nationale



La situation des femmes en nette régression 57 ans après                                    Leurs aînées ont pris part activement à tous les mouvements d'émancipation nationale
Lorsqu'elles ont pris la ferme décision d'être aux côtés des hommes dans la guerre pour la libération du pays du joug colonialiste, elles n'avaient demandé ni l'autorisation ni le cautionnement de leurs familles respectives. Pour certaines d'entre elles, elles s'étaient carrément engagées dans la lutte sans informer personne, elles avaient même pris le maquis incognito. Elles, ce sont les moudjahidate qui ont abandonné tout ce qu'elles avaient pour contribuer à la libération du pays. Cuisinières, infirmières, moussabilate, agents de liaison, porteuses de bombes, portant des tenues de combat, rien ne les retenait ou ne leur faisait obstacle. «Elles étaient capables de prouesses jamais réalisées par les hommes. En plus, elles étaient toutes belles», nous disait d'elle Jacqueline Guerroudj à l'occasion d'une projection d'un film sur les femmes moudjahidate, suivie d'un débat dans les années 1980 à la Cinémathèque d'Alger, organisée par l'Association des cinéastes amateurs. L'indépendance arrachée, elles se sont de nouveau mobilisées pour éviter une guerre civile, lorsque des tensions au sein du mouvement de libération faisaient craindre une poursuite des combats armés. Elles étaient les premières à occuper la rue pour crier «7 snin barakat !» (7 ans, ça suffit). Elles étaient aussi très nombreuses à occuper les écoles, les hôpitaux et autres administrations pour prodiguer enseignement, soins et service public, en tout cas pour celles d'entre elles qui avaient un certain niveau d'instruction. Présentes partout, elles ont contribué au mouvement d'émancipation national. On se souvient que le secrétariat national de l'Ugta de l'époque comptait une femme en la personne de celle qu'on appelle aujourd'hui Hadja Saïda. Lorsqu'en 1981, elles avaient eu vent de l'existence d'un avant-projet de loi portant code de la famille, elles se sont présentées en boucliers devant les étudiantes et les travailleurs à la Grande-Poste pour qu'elles ne se fassent pas bastonner par les services de sécurité. Elles ont, aux côtés des jeunes femmes, dénoncé le projet concocté dans la clandestinité et exigé son retrait immédiat et sans condition. Mais qu'en est-il aujourd'hui de la situation des femmes ' Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elle a régressé. En effet, en dépit de toutes les batailles et luttes menées par le mouvement des femmes pour son abrogation et la promulgation de lois civiles dans le cadre du droit positif, force est de constater que la loi les réduisant à une citoyenne de seconde zone est toujours en vigueur. Même amendée en 2005, le texte n'a pas élevé la moitié de la population algérienne au rang de citoyenne à part entière. Elle est très peu présente dans les centres de décision dans les institutions. Certes, quelques-unes ont été nommées ministres, mais c'est surtout des femmes alibi qu'on a promue à ce genre de poste. La bataille sur le système de quota prévu par le projet de loi organique relatif à la représentation de la femme (devenu un mal nécessaire) dans les institutions élues que se livrent les membres de la Commission juridique de l'APN, révèle si besoin est le manque de maturité des élus mais aussi de leur misogynie. Arguant du fait que les femmes ne sont pas prêtes à s'introduire dans la vie politique. Ou encore qu'elles ne seront pas à la hauteur de la mission qui leur sera dévolue. Mieux, elles ne pourront pas concilier vie familiale et vie politique. Mais personne au sein de cette commission n'a jugé utile d'aborder justement les facteurs de blocage pour les femmes et qui a pour conséquence sa non-implication dans la vie politique. Aucun élu de la commission n'a soulevé le manque d'infrastructures, l'absence des conditions idoines pour permettre justement à la femme d'envahir la scène politique, à l'image du code de la famille, dont certains parlementaires estiment l'abrogation comme contraire aux traditions et la charia alors que toute la législation algérienne est basée sur le droit positif. Oubliant par là que lorsque Louisa Hanoune ou encore Chalabia Mahdjoubi ont concurrencé les candidats à la Présidence de la République, les Algériens ne les ont ni chahutées, ni huées, ni vouées aux gémonies. C'est dans la tête de nos élus que le conservatisme semble hiberner à jamais.
F. A.


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