Algérie

La situation des enfants victimes de guerre et de conflit se banalise



La situation des enfants victimes de guerre et de conflit se banalise
Comment défend-on les enfants dans le monde en 2014 ' Le représentant de l'Unicef en Algérie évoque les menaces qui évoluent sans cesse et les nouveaux défis du métier d'humanitaire.-Ebola tue. Il tue beaucoup d'enfants. Pourtant, les Etats-Unis ont réussi à guérir deux de leurs ressortissants. Alors qu'on sait pourtant se prémunir du paludisme, un enfant en meurt encore toutes les 30 secondes. Pourquoi, malgré les progrès de la médecine, n'est-il pas encore possible de mieux protéger les enfants 'La médecine avance vite de par le monde, avec des découvertes et des brevets fantastiques presque chez année. Souvenez-vous, il y a seulement vingt ans de cela, être dépisté positif au VIH était pour beaucoup une quasi-condamnation à mort. Aujourd'hui, grâce à des efforts immenses de sensibilisation, le dépistage précoce, la généralisation de l'usage de thérapies effectives et coûteuses dans le monde, la situation a énormément changé et l'on peut vivre longtemps, une vie largement normale, en tant que séropositif. Je dois avouer ne pas être au courant des détails des progrès autour d'un vaccin possible contre le virus Ebola, mais si je comprends bien, les recherches ont été accélérées de façon exponentielle dans le monde entier et nous sommes déjà en phase de test sur des volontaires. J'espère profondément que nous pourrons assez rapidement atteindre un stade où ces vaccins seront considérés comme effectifs contre le virus tout en n'étant pas nocifs pour le corps humain et que nos enfants verront, lorsqu'ils atteindront l'âge adulte, le virus Ebola comme nous considérons la polio aujourd'hui et non comme le fléau qu'il représente à l'heure actuelle.-La crise, Ebola, Daech... Comment fait une institution comme l'Unicef pour s'adapter à ces menaces transfrontalières et asymétriques où, finalement, elle n'a en face aucun interlocuteur étatique 'L'Unicef est guidé par une mission : apporter aide et soutien aux enfants, là où ils se trouvent et dans n'importe quelle situation. Rappelons-nous que L'Unicef a vu le jour pour venir en aide aux enfants victimes de la Seconde Guerre mondiale et s'appelait initialement (en anglais) «Fonds international d'urgence des Nations unies pour l'enfance». Nous mettons donc aujourd'hui une très longue expérience de réponse à des situations exceptionnelles au service de l'enfance, partout où c'est nécessaire, et nous continuons à le faire grâce au dévouement impressionnant de nos collègues qui travaillent quotidiennement dans des situations de grand danger, parfois au péril de leur vie, pour les enfants les plus vulnérables dans des pays comme la Syrie, le Yémen ou l'Irak.En termes d'interlocuteurs, le principe de l'impératif humanitaire, partagé par la quasi-totalité des agences et ONG humanitaires du monde, impose que, pour nous, les besoins et les souffrances des plus vulnérables prennent le pas sur la politique interne ou internationale d'un contexte donné. En d'autres termes, l'Unicef a, par le passé, souvent joué un rôle clé pour négocier avec des groupes rebelles armés des couloirs humanitaires ou des trêves humanitaires de manière à ce que les denrées de base (eau, nourriture, médicaments, etc.) puissent parvenir aux enfants en souffrance, même si le territoire dans lequel ces enfants étaient localisés, était contrôlé par des entités non étatiques.Ceci dit, la prolifération de mouvances terroristes, aujourd'hui, et leur labellisation comme telles par de nombreux Etats, entités régionales comme l'Union européenne ou même le Conseil de sécurité des Nations unies lui-même, rendent de tels contacts beaucoup plus complexes à mettre en place. N'étant pas sur place, je ne suis donc pas certain de quels sont effectivement nos interlocuteurs, aujourd'hui, pour faciliter le transit de biens humanitaires vers des zones contrôlées par Daech, par exemple, en Syrie ou en Irak. -Face aussi à l'explosion de la cybercriminalité, avec quels moyens luttez-vous pour protéger les enfants, en particulier dans les pays en voie de développement ' Existe-t-il un consensus, aux Nations unies, sur les moyens de protéger l'enfance contre ce fléau 'La campagne #ENDviolence est l'une des réponses que l'Unicef a mises en action il y a un an maintenant, pour faire face à ce type de violence et à bien d'autres. Cette campagne a pour but de rendre la violence invisible visible, en passant principalement par des actions de plaidoyer et de mobilisation des acteurs autour de la lutte contre la violence, y compris celle liée à la cybercriminalité. Le deuxième aspect est la sensibilisation à travers des actions de communication principalement dirigées vers les familles. Nous pensons aussi qu'il est important de pousser à une meilleure communication entre les enfants, les adolescents et les adultes, les parents en premier lieu, car cela permet de stopper les problèmes avant qu'ils ne se transforment en cas d'extrême violence, où l'enfant pourrait se retrouver seul, sans référent ou parent pour le conseiller. -Les images insoutenables de petits Palestiniens tués par l'armée israélienne révulsent régulièrement les opinions publiques. Celles des enfants martyrisés par le groupe Etat islamique, que l'on ne voit pas en Occident, sont aussi terribles. Avez-vous le sentiment que la perception de l'enfant victime de guerre dans le monde a évolué dans ces opinions publiques 'Je reviens il y a quelques semaines de Ghaza, où j'ai été déployé au milieu du conflit pour appuyer nos équipes sur place. L'une des choses qui m'a extrêmement marqué dans mes échanges avec les familles et les enfants sur place, c'est que pour certains enfants c'est la troisième guerre qu'ils ont subie en six ans ! Malheureusement, notre belle région du Moyen-Orient est minée par des conflits qui touchent, en premier lieu, les enfants et nous ne le voyons que trop vivement dans des conflits comme ceux de Ghaza, en Syrie, en Irak ou au Yémen.L'un des problèmes concernant la perception des opinions publiques est que celle-ci réagit souvent fortement et fermement pendant les conflits, mais que les sentiments s'estompent et la situation des enfants victimes de guerre et de conflit se banalise, jusqu'à même en arriver à l'oubli ou à un sentiment de fatigue psychologique qui rend d'autant plus terribles et dramatiques les tragédies humaines qui continuent à se dérouler dans ces territoires et l'impact démesuré qu'elles continuent à avoir sur les enfants de ces régions.-Une enquête menée par l'Unicef s'alarme de la situation des enfants en Algérie, touchés par la malnutrition dans le Sud et par l'obésité dans les centres urbains. Est-ce une situation commune aux pays émergents ou spécifique à l'Algérie ' L'Unicef a effectivement collaboré étroitement avec le ministère de la Santé nationale depuis fin 2012 sur une enquête nationale auprès de plus de 30 000 familles sur un grand nombre d'indicateurs sociaux, dont des indicateurs de nutrition. Bien que les résultats finaux n'aient pas encore été formellement disséminés, ce que nous espérons faire très prochainement en collaboration avec le ministère, les résultats préliminaires laissent effectivement apparaitre deux tendances sur lesquelles il faudra se pencher à l' avenir. La première est la stagnation de la proportion des enfants de moins de 5 ans exhibant un retard de croissance 'c'est-à-dire un enfant anormalement petit pour son âge- établie autour de 11,5%.Ces retards ont des répercussions importantes sur le développement du cerveau de l'enfant et de fait constituent bien souvent un handicap de capacité qu'il/elle va porter toute sa vie. La seconde tendance, tout aussi importante est la moyenne nationale d'obésité chez les moins de 5 ans, qui semble s'établir aujourd'hui autour de 12,4%. Pour la première fois dans l'histoire du pays à notre connaissance, l'obésité dépasse donc la moyenne des retards de croissance, avec apparemment une tendance toujours en expansion. L'une comme l'autre de ces tendances constituent des risques pour l'enfance Algérienne et devront être analysées plus en détail pour leur définir des stratégies de réponse.




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