Algérie

La situation au Maroc inquiète Paris



Dix jours après les attentats kamikazes qui ont secoué Casablanca, la France redoute de nouvelles actions terroristes dans les principales villes du royaume. Très touristique, Marrakech offrirait, selon les spécialistes français de l'antiterrorisme, une cible idéale pour un attentat spectaculaire, à l'image de ceux qui ont secoué ces dernières années Bali en Indonésie et Charm El-Cheikh en Égypte. Une telle action aurait un impact médiatique très fort -un effet souvent recherché par Al-Qaida- et fragiliserait durablement l'économie du pays en attaquant sa principale source de revenus. Malgré l'annonce, en début de semaine, de l'arrestation du chef du réseau de kamikazes par la police, le réseau Al-Qaida semble encore en mesure de frapper de nouveau dans le pays. Mais, au-delà des craintes sur l'impact que pourraient avoir les attentats sur l'économie marocaine, le vrai motif des inquiétudes de Paris se trouve ailleurs.  Aujourd'hui, près de 50.000 Français vivent au Maroc et ils sont plus d'un million à y séjourner régulièrement en tant que touristes. Ces dernières années, plusieurs dizaines de milliers de Français ont même acquis des résidences sur place, essentiellement dans les grandes villes comme Casablanca, Marrakech ou Rabat, à la faveur d'un boom immobilier sans précédent dans le pays. Les entreprises françaises y sont également fortement implantées où elles emploient de nombreux expatriés.  Comparé à l'Algérie où le nombre de Français n'excède pas les 5000 - essentiellement des binationaux-, la situation marocaine apparaît comme un véritable casse-tête pour le gouvernement français.  Car une dégradation brutale de la situation dans ce pays obligerait Paris à protéger ses ressortissants sur place. En 2003, lors de la crise en Côte d'Ivoire, la France avait dépêché ses militaires pour protéger et rapatrier ses 50.000 ressortissants qui vivaient dans ce pays.  Or, contrairement à la Côte d'Ivoire, le Maroc n'a pas d'accords militaires avec la France qui autoriserait Paris à y intervenir militairement. Et les deux situations ne sont pas comparables.  En Côte d'Ivoire, il a suffit aux militaires français de mettre en place une ligne de démarcation pour séparer les troupes rebelles du nord de l'armée gouvernementale. Ils avaient également des interlocuteurs identifiés et crédibles auprès des deux parties en conflit. Un atout qui a facilité les opérations de rapatriement des expatriés Français. Dans le cas d'une dégradation brutale de la situation au Maroc, les choses seraient beaucoup plus compliquées pour les Français : ils ne pourront pas envoyer des troupes sur place et il leur sera très difficile d'avoir des interlocuteurs fiables auprès des terroristes d'Al-Qaida. Aujourd'hui, le seul choix qui reste aux Français est d'aider les Marocains à empêcher de nouvelles attaques terroristes et d'éviter que le pays sombre dans la violence, comme ce fut le cas en Algérie dans les années 1990. Paris devrait renforcer dans les prochaines semaines sa coopération avec Rabat : le Maroc pourrait ainsi bénéficier notamment de renseignements sur les réseaux islamistes et obtenir des armes modernes destinées à la lutte anti-guérilla. Paris souhaite également voir l'Algérie faire profiter son voisin marocain de son savoir-faire en matière de lutte antiterroriste. Mais, sur ce point, les Français savent que les choses ne seront pas faciles à mettre en place.  


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