Algérie

La silicose, ce mal silencieux Journée de sensibilisation à Makouda



La silicose, ce mal silencieux                                    Journée de sensibilisation à Makouda
Par manque de perspectives, de nombreux jeunes deviennent tailleurs de pierres, sans aucune protection ni couverture sociale.
L'APC de Makouda (20 km au nord-est de Tizi Ouzou), en collaboration avec l'EPSP de Ouguenoun, a organisé vendredi dernier, une journée de sensibilisation sur la maladie de la silicose. Le P/APC justifie le choix de Tala Bouzrou pour cette journée par le fait que «beaucoup de jeunes sont morts de cette maladie au niveau local». A cet effet, une exposition a été mise sur pied par l'association des malades et parents de malades asthmatiques de la wilaya de Tizi Ouzou dans la cour de l'école primaire du village. Plusieurs médecins se sont succédé au micro pour sensibiliser les tailleurs de pierre fort nombreux dans cette localité. Un film documentaire a été projeté sur «l'art de la pierre et ses conséquences à Tala Bouzrou».
Le public, jeune, a eu le loisir de découvrir dans quelles conditions lamentables s'exerce cette activité. Avec une protection rudimentaire: un foulard imbibé d'eau, sans masques, on y voit des jeunes exposés aux ravages de la poussière qui se dégage en travaillant la pierre. Dans leurs communications, les médecins ont été sans appel: la silicose qui est une maladie pulmonaire, est incurable. «Elle rend les poumons durs comme la pierre,» ont-ils prévenus. Pire, une fois installée, elle entraîne inexorablement des complications fragilisant davantage le malade, même s'il n'est plus exposé à la poussière. En fait, les médecins l'appellent «un meurtrier silencieux.»
Tout commence par un banal état grippal. Diagnostiquée en retard, la silicose prend vite des tournures dramatiques. Les patients sont alors confrontés à des difficultés respiratoires, faiblesse, fatigue au moindre effort, essoufflement, voire, diabète. La thérapie d'oxygénation étant onéreuse, les malades souffrent en silence et font souffrir leurs familles. Les pouvoirs publics ignorent le nombre de personnes qui exercent cette activité car personne n'est déclaré à la sécurité sociale. La situation est particulièrement préoccupante avec l'avènement des tronçonneuses électriques. «La silocose chez les travailleurs de pierre est un véritable problème de santé publique en Kabylie», a déclaré Dr. N. Hemmouche, du CHU de Tizi Ouzou.
Une maladie, auparavant connue chez une population âgée, est devenue depuis cinq ans une véritable épidémie. En effet, les statistiques montrent que 30 cas d'hospitalisation sont recensés, avec une moyenne d'âge de 38 ans. 9 cas viennent de Makouda, 7 d'Azazga et 1 cas de Ain El Hammam. Les études menées par le service du Dr Hammouche montrent que 75% des patients sont tous des fumeurs, un facteur aggravant. Le prix relativement élevé de la pierre taillée conjugué aux prix «attractifs des outils de travail» ont incité les jeunes à exercer dans ce créneau. Plus la durée d'exposition à la poussière augmente, plus les risques de la silicose se manifestent rapidement.
A cet effet, 35% des cas ont moins de 30 ans. La qualité de l'air aux environs des ateliers de travail a été abordée puisque, selon les spécialistes, les membres de la famille inhalent eux-aussi cette poussière présente dans l'air. Dans les débats, il a été question de la nécessité d'offrir une couverture sanitaire et sociale à ces artisans. Les jeunes que nous avons approchés sont conscients des risques encourus, mais face au chômage, ils n'ont pas d'autres alternatives. A noter enfin que seul le représentant de la chambre des métiers et de l'artisanat a pris part à ce rendez-vous, contrairement à l'ANSEJ, l'ANGEM ou la direction de l'emploi de Tizi Ouzou.


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