L'impératif de la franchise et l'obligation incontournable d'ouvrir grands les yeux ont de quoi inquiéter sérieusement sur l'état des lieux de la société. Il est inutile de trop s'attarder sur les mouvements de contestation de groupes épisodiques qui, qu'on le veuille ou non, ne sont que des spasmes en surface d'une déroute profonde de l'existence humaine sérieusement décontenancée. On s'est vite rendu compte, malgré la bonne foi et le débordement des énergies, que la conciliation entre le fond et la forme est une ?uvre ardue.A observer le terrain social et à tendre l'oreille pour écouter les sourds râles insoutenables, on tâte l'incapacité de la société, toutes classes confondues, à se prendre en charge aux prises avec la difficulté de donner une signification acceptable à la vie. Ceux qui sont dans une fausse aisance financière sont harcelés par ceux torturés par les plus élémentaires des besoins. Devenue un droit, la mendicité a opéré une mue pour se confondre avec les solidarités exigées jusqu'à aller se nicher au c?ur des familles. La mêlée des maux et la multiplication incessante des soucis percutent parfois avec effroi la plus petite des espérances de la majorité des Algériens. Les mains tendues ne sont plus des prières et sont devenues très expressives d'une attente s'éloignant du conformisme de jadis pour s'imposer en actes de savoir-faire de débrouillards impudents.
Il s'avère peu à peu que lutter contre n'importe laquelle des façades de l'informel est une bien drôle supercherie. Les besoins implacables et incontournables pour se soumettre au dictat de l'existence ont eu tendance à transformer l'être lui-même en informel personnifié.
Incriminer la pandémie actuelle ne serait qu'une plate accusation car ses catastrophiques méfaits ne sont que le lever de rideau sur les énormes et profondes tares d'une population qui n'a retenu de l'indépendance que le son de son hymne et de ses mirages flottant dans un cadre pollué.
Il reste cependant la foi et les croyances, paravents providentiels dont ne disposent pas de nombreux pays empêtrés dans la bouse économique et sociale et qui ne disposent comme outil que de la fatalité.
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Posté Le : 13/06/2020
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Abdou BENABBOU
Source : www.lequotidien-oran.com