Photo : M.Hacène
Par A. Lemili
La dualité footballeurs nationaux et ceux évoluant à l'étranger ne cesse de mettre en situation de dépendance les successifs sélectionneurs nationaux ces trois dernières années. En son temps, Saâdane avait fait son choix en convoquant à grand renfort les joueurs de nationalité algérienne évoluant en France et autres pays d'Europe. L'ancien coach ne se faisait pas de grands états d'âme quant à leur capacité à revêtir le maillot national, partant d'une manière arbitraire du seul postulat : footballeur professionnel = valeur d'autorité confirmée. Si le sélectionneur n'avait pas tort, il n'avait pas non plus raison dans la mesure où les capacités, exception faite de quelques éléments plus doués que les autres, étaient bien loin de répondre aux normes établies. Pis, certains des professionnels retenus d'office n'avaient même pas leur place au sein de la compétition nationale au moment où l'option en leur faveur a été prise. Nous en citerons à titre d'exemple ceux qui, certes, évoluaient dans des pays où le niveau de la compétition était effectivement relevé sauf que ces mêmes éléments chauffaient le banc des remplaçants régulièrement et n'étaient utiles en fait à leurs employeurs que pour faire l'appoint. Quant à ceux qui foulaient régulièrement les pelouses, les formations dans lesquelles ils évoluaient n'étaient pas des foudres de guerre et en général sociétaires de divisions inférieures qui jouaient leur survie tout au long de la saison. Autrement dit, le concept dans le cas de la sélection nationale de football était on ne peut plus similaire à celui qui faisait, comparativement à un produit local, de celui étranger nettement meilleur. Ce qui foncièrement n'était pas faux même si le départ de Yahia Chérif et Soudani vers des clubs professionnels plaide l'inverse. C'est hélas l'exception qui fait la règle, et l'argument massue dans ce cas d'espèce est que l'un et l'autre joueur ne démentent pas les espoirs placés en eux par leurs recruteurs. Mais doit-on continuer à poser éternellement ce problème de footballeurs locaux et ceux évoluant à l'étranger ' Dans un entretien accordé à un confrère, Kamel Mouassa en donne superbement la réponse «'Qu'on le veuille ou non, les joueurs de talent existent bel et bien chez nous. Il faut les prendre en charge simplement et d'une manière très régulière. Une sélection nationale qui ne s'appuie pas sur des joueurs locaux aura du mal à assurer la relève». La relève ! Là est la question qui n'en devient que plus ardue et surtout plus paradoxale, si l'on revient à l'extraordinaire foisonnement de footballeurs de talents qui ont meublé les trente années ayant succédé à l'indépendance du pays. Ce qui, comble de l'ironie, n'est plus le cas maintenant à telle enseigne que le pays se retrouve à profiter de professionnels lesquels eux-mêmes ont profité d'une formation acquise dans des clubs étrangers. Quoi qu'il en soit l'idée ou les attentes résident dans le fait que cette démarche garantirait ce «plus» en investissement multiple : valeur technique intrinsèque, rigueur dans le jeu, grosse capacité physique, discipline et capacité à assimiler tous types de coaching. Ce dont les locaux ne disposeraient pas aux yeux des promoteurs de la politique qui a prévalu en le domaine depuis 2008.
Que serions-nous sans les professionnels '
Et encore une fois, un raisonnement à tort ou à raison sur une situation laquelle, en réalité, n'a jamais été profondément analysée, les instances sportives nationales parant à chaque fois au plus pressé compte tenu des échéances continentales et intercontinentales. Or, aller en coupe d'Afrique des nations et/ou au Mondial pour faire de la figuration est bien loin d'être honorable. C'est parfois même dévalorisant, voire humiliant s'il faut tenir compte du dernier parcours «Af-Sud 2010» et des prestations de l'EN. Aujourd'hui, Vahid Halilodzic est confronté à un retrait important de joueurs cadres. Quoiqu'il y ait quand même lieu de relativiser le retrait d'éléments qui ne sont plus dans leur prime jeunesse et donc bien loin d'une forme qu'ils ne retrouveront plus et pour cause les capacités mêmes du corps humain. Obligatoirement, ce cas de figure nous ramène à l'approche des plus rationnelles de Kamel Mouassa et l'absence d'une relève qui piafferait d'impatience dans les vestiaires des différentes formations nationales. Sauf que pour avoir privilégier à chaque fois le résultat immédiat pour des considérations de prestige national, s'il existe une relève, elle n'est tout bonnement pas prête parce qu'elle n'a aucune relation avec tout autre niveau de football une fois les frontières franchies. Il importe peu à l'actuel sélectionneur national de former une équipe à long terme, il peut partir à n'importe quel moment. De sa propre volonté ou en raison de mauvais résultats, il s'attellera à chaque fois à travailler pour des statistiques qui lui seraient favorables, ce qui au demeurant est légitime. Du coup, il n'essaiera d'avoir que les éléments qui entrent dans une stratégie de la gagne peu importe les conditions d'évolution. Et cette condition seuls les professionnels évoluant à l'étranger peuvent la remplir quel que serait leur bagage technique individuel parce qu'ils disposent en plus d'une culture professionnelle que n'ont pas les joueurs locaux malgré la réputation virtuelle qui leur est prêtée depuis la professionnalisation de la discipline. Un professionnel comme Adlène Guedioura, pour ne le citer qu'à titre d'exemple, l'est (professionnel) dans la préparation de son sac, de ses accessoires, de la gestion de son sommeil, de sa diététique, de sa relation avec le groupe, l'extérieur, ses amis, sa famille, etc. Qui, sans hypocrisie, oserait imaginer un seul instant la totalité des footballeurs évoluant dans la compétition nationale s'astreindre à une vie d'ascète, de spartiate que lui exige son métier dix mois sur douze ' Toutes les spéculations et raisonnements ne ramènent que sur ce qu'a dit, encore une fois, Mouassa. Sauf qu'il faudrait accepter de mettre en berne des années, voire le temps qu'il faudra l'orgueil national et préparer comme le font tous les pays, qui veulent se doter d'une sélection nationale digne de les représenter, quelque chose de pérenne et surtout renouvelable en ce sens que le mode d'emploi aurait été enfin trouvé et surtout respecté.
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Posté Le : 19/05/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : A L
Source : www.latribune-online.com