Algérie

La sécurité alimentaire à des coûts élevés



La sécurité alimentaire à des coûts élevés
- Le PDAU tel qu'il est proposé demande plus de 8000 hectares à urbaniser dans les 10 circonscriptions administratives, ce qui ne laissera à la wilaya que 21 563 hectares à l'horizon de 2029. Qu'en est-il de ces chiffres 'Je suppose que les chiffres que vous citez se rapportent à la superficie agricole utile (SAU). Ces chiffres laissent présager un sombre avenir pour l'agriculture dans la wilaya d'Alger : si en quinze ans la wilaya perd plus de 27% de sa SAU au même rythme, il ne restera plus grand-chose en 2050. On notera, cependant, que les chiffres fournis par les différentes administrations prêtent beaucoup à confusion. Ainsi, d'après la carte d'occupation des sols établie en 2011 par l'Institut national d'irrigation et de drainage (INSID), la wilaya d'Alger comptait 35 095 ha de superficie agricole utile (SAU) sur un total de 77 293 ha de superficie totale (dont 32 261 ha de superficie bâtie).Les statistiques agricoles (série B) publiées par le ministère de l'Agriculture indiquent, pour 2001, une SAU de 35 726 ha. Alger n'aurait donc perdu que 631 ha en 10 ans. Le chiffre de la série B semble peu fiable, aussi peu fiable que celui donné pour la même année par le document du recensement général de l'agriculture (RGA) et qui se monte à 34 743 ha (soit moins que la superficie de 2011.Il est vrai que la dilapidation des terres a été surtout importante au cours des années 1990, période où beaucoup d'EAC autour d'Alger ont été loties au profit, en grande partie, de la nomenclature, les attributaires des EAC recevant chacun un lot en contrepartie de leur «désistement». Les chiffres du PDAU que vous citez révèlent cependant que l'urbanisation des terres agricoles s'est fortement accélérée depuis les années 2000. Ce qui est normal du fait que la politique en matière de foncier urbanisable n'a pas changé et que les besoins se sont multipliés du fait de la croissance démographique de la capitale.- Est-ce que les terres agricoles perdues dans l'Algérois peuvent être compensées par la production agricole d'autres régions 'Dans l'absolu, oui. Mais à des coûts beaucoup plus élevés que ceux dont bénéficient les productions agricoles de l'Algérois. Les terres agricoles appelées à disparaître avec le nouveau PDAU de la wilaya d'Alger sont toutes des terres péri-urbaines, particulièrement celles qui subsistent encore au nord de l'autoroute entre Boudouaou et Tipasa. Ce sont des terres très fertiles, naturellement bien arrosées, à climat doux, susceptibles de fournir facilement deux récoltes par an en produits maraîchers. Les mêmes productions réalisées sur les terres steppiques ou au Sahara supporteraient des coûts supplémentaires : surtout en frais d'irrigation et en frais de transport vers les marchés de consommation.- Pensez-vous que ce rythme d'urbanisation des terres agricoles compromet sérieusement la sécurité alimentaire à moyen ou à long terme ' Que faire pour contenir le bétonnage des terres agricoles 'A ce rythme d'urbanisation des terres de la frange côtière du pays, la sécurité alimentaire sera obtenue à des coûts beaucoup plus élevés. Ce qui aura un effet négatif sur le rythme de développement du pays. Pour diminuer le rythme du bétonnage, il faut que la loi, les règlements et autres circulaires présidentielles, ministérielles et interministérielles qui encadrent le déclassement des terres agricoles au profit de l'urbanisation soient modifiées pour que les décideurs dans ce domaine soient plus exigeants vis-à-vis des demandeurs de déclassement.La loi doit exiger en particulier que tous les projets soient conçus pour minimiser l'emprise sur le sol. De plus, il faut que les mesures préconisées par le Schéma national d'aménagement du territoire ? qui prévoient la diminution de la pression humaine sur les zones côtières et le développement des régions de l'intérieur ? ne restent pas lettre morte.




Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)