Algérie

«La santé des consommateurs est menacée»



L'Expression: Qu'est-ce qui a motivé le lancement de cette enquête nationale sur le système alimentaire en Algérie'Hacène Menouar: D'abord parce qu'on a constaté qu'il y a de plus en plus de malades en Algérie et le nombre très important de ces malades ne provient pas uniquement de la déficience de leur système de santé, cela provient également du fait que nous n'avons pas adopté la consommation la plus simple et nous n'avons pas une bonne hygiène de vie. Donc pour nous en tant qu'association, nous travaillons depuis des années sur la sensibilisation, mais finalement on s'est rendu compte, que la sensibilisation seule, n'a pas donné de grands résultats. Malheureusement, chaque année c'est le même constat, nous enregistrons, de nouveaux cas de cancer, de diabète, et maintenant c'est l'obésité qui est un nouveau phénomène qui commence à faire des ravages. Le problème réside dans notre système alimentaire, donc il s'agit d'étre plus fort, plus convaincant, on a opté pour l'élaboration d'une étude sérieuse, avec des experts de renommée nationale, afin de sortir avec des données et des renseignements sur la réalité de notre système alimentaire. La santé des consommateurs est tout le temps menacée.
Comment voyez-vous son utilité dans la société et auprès des autorités'
Cette enquête va nous servir en tant qu'association, pour atteindre l'objectif qui est d'éditer un recueil en fin d'année, de propositions adressées aux hautes instances du pays, comme il y aura des résultats qui seront utilisés par les différents ministères, les universités pour faire des thèses plus approfondies concernant le mode de consommation des Algériens, et le cadre de vie. Elle représente une banque de données, qu'on va mettre à la disposition de tout le monde, pour enrichissement et exploitation. Dans ce sens, on souhaiterait toucher quelques universités, à la rentrée prochaine, pour faire des études d'appoint, de précision, et approfondies, sur des thèmes, comme le tabac, le goitre, et faire ressortir des situations spécifiques à certaines régions. Notre ambition est de faire un travail scientifique qui permettrait d'aller vers de vrais changements. Le but est d'arriver à donner un sens, une utilité, une vie aux études, aux thèses, et aux recherches à travers leur exploitation au profit de la société. Nous tenons à axer le travail et la participation de la société civile dans ce sens, loin des sphères politiques.
Pensez-vous qu'avec l'importance qu'a pris la société civile auprès des instances de décision, il y aura un écho plus favorable pour les propositions qui découleront de cette enquête'
Il est clair qu'il y a une réelle volonté de changement. Un changement provoqué par le peuple, que le président de la République a voulu canaliser à travers ce mouvement, et a l'intention de s'appuyer sur la société civile. Malheureusement, il y a beaucoup de ses membres qui ne sont pas formés, comme il y a beaucoup d'opportunistes qui servent comme satellites aux partis politiques. C'est pour ces raisons que nous travaillons avec tout le monde sans pour autant s'engager dans une organisation. Il faut savoir que l' association El Aman a refusé la subvention de l'Etat par souci d'indépendance, de crédibilité et d?humilité.
Que pensez-vous de l'effervescence des préparatifs qui montent à l'approche du mois de Ramadhan'
Nous accueillons le mois de Ramadhan chaque année, mais on s'y prépare très mal. Malheureusement, c'est devenu un mois de grande consommation, alors que la grande préparation est dans les esprits, dans les mentalités. Il faudrait arriver un jour, à vivre le mois de Ramadhan avec plus de restriction, en matière de consommation. On a l'opportunité cette année d'avoir un Comité scientifique installé par la Présidence, pour la lutte contre le Covid, et le Haut Conseil islamique, qui devraient accentuer leur communication sur le mois de Ramadhan. Le premier pour dire que ce mois devrait servir à se désintoxiquer, nettoyer notre organisme et faire attention aux consommations abusives. Tandis que le Haut Conseil islamique, pourrait, à travers sa cellule de communication et le canal de la mosquée, sensibiliser sur le fait que le mois de Ramadhan a pour vocation le recueillement, la piété et le partage. Par ailleurs, il faudrait qu'il y ait un grand effet d'annonce sur les ventes promotionnelles durant le mois sacré, et l'organisation de marchés de proximité. Car on a constaté que les réductions des prix, même symboliques, avaient plus de résultats que les couffins de Ramadhan.
Dans ce contexte, il y a lieu d'établir en face d'une surconsommation, un contrôle intensif, et saisir cette opportunité pour sévir contre les activités informelles florissantes durant ce mois. Par ailleurs, il serait judicieux de proposer de pérenniser les marchés temporaires, et au lieu de les ouvrir uniquement durant le mois de Ramadhan, les maintenir opérationnels en continu, puisque les Algériens consomment toute l'année.


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