Algérie

La saison des repentances



La saison des repentances
Avant même la promulgation des nouvelles lois portant sur les réformes politiques, la scène politico-médiatique s'agite. En plus de certains partis traditionnels qui tentent de reprendre l'activité en prévision des élections de 2012, de nouvelles têtes apparaissent, tandis que des visages, un temps oubliés, reprennent du service en annonçant, dans la foulée d'une révolution aux ordres, la création de nouveaux partis politiques aux objectifs plus au moins avoués et avouables. Il est évident que dans une période de grandes mutations, tous les coups sont possibles et toutes les agitations sont imaginables. Tellement imaginables que Khaled Bounedjma, qui fait souvent office de camelot du régime depuis des années, a lancé la création d'une formation politique ('), au même titre d'ailleurs que son ancien compère dans une autre organisation des enfants de chouhada, Tahar Benbaïbeche. Ce dernier s'est retrouvé une âme d'opposant, plus de 10 ans après avoir quitté un parti, le Rassemblement national démocratique (RND) créé en 1997 dans les tripes du système. Avant ces gens-là, d'autres anciens ténors du régime se sont reconvertis en opposants de dernière minute. Certains ont occupé des postes de responsabilité à un très haut niveau de l'Etat à un moment où les langues des opposants étaient non seulement liées, mais parler équivalait à une mise à mort certaine. Pis, des éléments structurés au sein du régime durant les années de la tyrannie du parti unique sont devenus, au fil du temps, des opposants, même un peu plus, des donneurs de leçons. La repentance est une vertu. Elle est loin d'être un vice ou une tare. L'erreur est humaine. Nul n'est infaillible. À un moment où à un autre de la vie, un homme ou une femme, a fortiori quand il est responsable politique, est appelé à faire des choix qui ne sont pas forcément bons. À cause d'une faiblesse passagère ou d'un manque de vision de la réalité du moment, on peut passer à côté de l'Histoire. L'expérience de l'ancien président français, François Mitterrand, un temps fonctionnaire du régime de Vichy avant de se reconvertir en résistant durant la Seconde Guerre mondiale, est éloquente. Des responsables algériens ont même cru, un moment, en le régime colonial avant de devenir de grands révolutionnaires. Cela est un fait. Le propos n'est évidemment pas de comparer la période coloniale à l'Histoire récente de l'Algérie. Tout lien entre les deux périodes est maladroit. Sauf que quand on traîne des casseroles comme celle d'être au service d'un régime autoritaire et devenir, d'un seul coup, chantre de la démocratie, un peu d'humilité s'impose. On ne peut tout de même pas s'ériger en donneur de leçons démocratiques tout en restant convaincu que la meilleure façon d'exister est de «s'opposer à l'opposition», comme l'a dit le chef d'un parti saisonnier. Ce dernier a l'art de disparaître pendant cinq ans et de réapparaître avant chaque campagne électorale pour s'adjuger la manne des indemnités offertes dans les commissions de surveillance des élections. Heureusement que dans la nouvelle loi portant régime électoral, la participation aux différentes commissions est désormais gratuite. Les jours qui vont suivre vont certainement amener de nouvelles surprises. «On ne peut faire d'omelette sans casser des 'ufs», dit l'adage. C'est le risque à prendre lorsqu'on veut ouvrir le champ politique. Le peuple saura séparer le bon grain de l'ivraie.
A. B.


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