Algérie

La saignée continue



Il y a quelques années, et alors que le kilogramme de pomme de terre dépassait la barre «psychologique» des 50 dinars, les mandataires exerçant dans l'ancien marché de gros de la wilaya d'Oran juraient leurs grands dieux qu'une étape était franchie et que rien ne serait plus jamais pareil sur le marché algérien des fruits et légumes. «Les prix ne baisseront plus et il serait illusoire de croire que les pouvoirs publics y changeront quoi que ce soit», avaient-ils affirmé à la Tribune en soulignant que le marché des fruits et légumes était miné par les anomalies et les aberrations dont l'une des manifestations les plus spectaculaires était la hausse invraisemblable du prix d'un légume qui était pourtant produit par toutes les régions du pays. Et aucune des mesures, pourtant qualifiées d'énergiques, prises par l'Etat pour assainir ce marché n'est venue à bout de ces pratiques amorales dont les détaillants, grossistes, mandataires et producteurs s'accusaient mutuellement.
Aujourd'hui, non seulement le prix de la pomme de terre s'est, à quelques rares exceptions, maintenu au-dessus des 50 dinars, mais il lui arrive d'enregistrer des bonds prodigieux pour, on ne sait quelle raison, dépasser les 100 dinars. De la même manière, les autres fruits et légumes sont presque devenus inaccessibles à des consommateurs qui ne comprennent pas la persistance de cette situation alors même que les pouvoirs publics disent et redisent avoir pris les mesures qui s'imposent pour, enfin, moraliser les comportements, réguler le marché et organiser l'activité commerciale.
La récente flambée des prix qui a, notamment, porté la tomate à trôner au-dessus du lot avec le prix inédit de 120 dinars le kilogramme montre bien que l'Etat est loin de maîtriser la situation et que les spéculateurs ont toujours la main : les pénuries surviennent brutalement, du jour au lendemain, les prix fluctuent sans la moindre logique, la qualité des produits passe du meilleur au pire' et personne ne semble capable d'apporter une explication rationnelle au phénomène.
Finalement, la seule rationalité dans toute cette affaire réside dans le fait que les spéculateurs n'ont plus besoin de l'alibi du Ramadhan pour saigner les consommateurs : l'opération est désormais quotidienne, à tous les niveaux, et risque de durer très longtemps.

S. O. A.


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