Il va sans dire que la mondialisation économique a aussi un aspect culturel. Rien d'étonnant à cela puisque la culture elle-même est une marchandise qu'il faut définitivement libérer de tout carcan protectionniste ou subventionniste pour la soumettre à la loi du plus fort.Une règle essentielle des mondialistes est justement de contester à leurs victimes le droit de sauvegarder ou d'aider des secteurs jugés indispensables, alors qu'eux-mêmes font un usage plus qu'abusif de ce droit. La libéralisation est souvent un argument commode des global players pour imposer une situation de monopole, tandis que le pillage des fonds publics à leur profit prend une ampleur inégalée. On peut parfois se méprendre sur la vraie nature de la mondialisation et penser qu'elle conduit à un amalgame des diverses cultures et influences nationales. Il n'en est rien : la mondialisation est une américanisation pure et simple. Dans le domaine économique, les prétendues multinationales ne sont en fait que des conglomérats qui ne peuvent fonctionner de façon optimale que si leur centre de gravité se trouve aux Etats-Unis ou si l'ensemble du groupe s'adapte aux méthodes en usage aux Etats-Unis. Si l'élément non américain refuse de se plier à cette loi universelle, il voit son avenir compromis. Par ailleurs, le leader incontesté du monde considère comme sa chasse gardée certaines parties de la planète, l'Amérique latine par exemple. Ailleurs, comme il ne peut toujours tout contrôler lui-même dans les moindres détails, il délègue à d'autres (en l'occurrence l'Angleterre, la France ou l'Allemagne) la surveillance de certains territoires - comme le suzerain du Moyen Age s'en remettait à ses vassaux pour l'administration de tel ou tel fief. En ce qui concerne les deux premiers pays, ce terrain d'action englobe en gros leurs anciennes colonies; pour ce qui est de l'Allemagne, dont l'entrée en scène est beaucoup plus récente, il s'agit de l'Europe de l'Est et des Balkans. Ces trois vassaux immédiats ont en principe les mains libres dans le secteur qui leur est imparti. Mais cela ne signifie pas qu'ils y agissent en toute liberté; leur action ne doit en aucun cas contrecarrer les plans de leur maître d'outre-Atlantique ou nuire à ses intérêts. Ils s'observent donc les uns les autres et coopèrent aussi souvent que possible en effectuant des actions communes coordonnées avec Washington. L'unité que les trois pays s'efforcent de réaliser dans le cadre de l'Union européenne est loin de menacer la suprématie américaine; le monstre à trois têtes est parfaitement inoffensif. Le seul domaine où l'Union parle d'une seule voix - la voix allemande - est celui de l'économie et de la monnaie*, mais ce n'est pas non plus une menace pour le leader. A bien des égards, l'unification en cours est tout à son avantage, car il est plus aisé de dominer une entité confédérale que quinze ou vingt-cinq Etats distincts. L'élargissement à d'autres pays est le bienvenu aux yeux de Washington. Dans le cas de la Turquie, les Etats-Unis poussent même l'UE à accepter l'intégration de cet allié de l'Otan, alors que beaucoup de dirigeants européens sont particulièrement réticents. *La Grande-Bretagne n'a pas adopté l'euro, mais elle s'apprêtait à le faire avant la crise irakienne de 2002-2003. Les divergences - avant tout politiques - entre Londres et Berlin semblent provisoires. (Huit ans plus tard, la situation a changé du tout au tout - plus personne ne veut de l'euro.) (à suivre)
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Posté Le : 30/08/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : C A
Source : www.lnr-dz.com