Le Musée d'art moderne et contemporain d'Alger (MAMA) s'associe aux célébrations du cinquantenaire de la Cinémathèque algérienne, avec une exposition rétrospective retraçant les trois premières années de cette institution mythique.Le 23 janvier 1965, au 26 Rue Larbi Ben Mhidi, juste en face du Mama, la Cinémathèque algérienne voit le jour et en seulement quelques années, elle sera considérée comme la deuxième plus performante au monde de «par ses programmes, l'assiduité de son public, la convergence des grands talents mondiaux vers ses salles et la dizaine de milliers de films qu'elle a réussi à archiver dans les années 1960», souligne M. Lyès Semiane, actuel directeur de la Cinémathèque.Visible jusqu'au 9 juillet, l'exposition «La saga de la création de la cinémathèque algérienne» s'étale sur deux niveaux du Mama et se décline en un ensemble d'affiches de films algériens et étrangers, des photos de scènes extraites de ces films, des coupures de presses et des portraits des pionniers qui ont fait l'âge d'or de la Cinémathèque. Les affiches conçues par François Roulet, arrivé à Alger, été 1962 et sitèt intégré dans l'équipe de Ahmed Hocine, premier directeur de la Cinémathèque, renseignent à elles seules sur la ferveur et l'enthousiasme avec lesquels le 7e art algérien se structurait et s'épanouissait en ces premières années de l'indépendance. On revisite également les scènes marquantes de la jeune cinématographie algérienne à l'instar de Une si jeune paix de Jacques Charby, La nuit a peur du soleil de Mustapha Badie, L'aube des damnés de Ahmed Rachedi, Le vent des Aurès de M. L. Hamina, La voie de Mohamed Slim, Les hors-la-loi de Tewfik Farès, etc.Un espace réservé aux coproduction montre, quant à lui, le renforcement et l'enrichissement d'une filmographie déjà puissante par ses images et ses propos : y trène l'inoubliable scène de la Bataille d'Alger où Ali La pointe, Hassiba Ben Bouali, Mahmoud et le petit Omar sont sur le point de se faire exploser dans une cache de la Casbah.On retrouvera d'ailleurs le visage du magistral Brahim Hadjadj (acteur ayant campé La Pointe) dans tous les clichés tiré du film de Ponte Corvo. D'autres coproductions sont déterrées de l'oubli avec des textes de présentation à l'exemple de Trois pistolets contre César de Enzo Péri (1967) où le premier assistant-réalisateur n'est autre que Moussa Haddad, Soleil noir de Denys de la Patellière, L'étranger de Luchino Visconti où le même Brahim Hadjadj incarne l'Arabe tué par Meursault, Z de Costa Gavras assisté par Ghouthi Bendeddouche et Mohamed Bouamari”'l'exposition consacre également un pan aux cycles thématiques du cinéma mondial qui a vu venir à Alger les plus grands réalisateurs de l'époque ainsi qu'aux Rencontres internationales de Cherchell qui se sont tenues du 5 au 26 août 1967 et qui ont vu la participation de géants du cinéma comme Jean-Luc Godard, François Truffaut, Claude Chabrol, Rosselini, etc.Le Festival Panafricain de 1969 est évidemment un élément central de cette expo qui reconstitue les meilleurs moments de cet événement, avec des photographies et des extraits du film de William Klein ainsi qu'un focus sur le Mouvement des Black Panthers réfugiés à l'époque à Alger.A travers «La saga de la création de la Cinémathèque algérienne», un constat incontournable ressort de ces belles images où Alger vivait au rythme des projections, des débats et de l'amour du 7e art. Cinquante ans plus tard, il ne reste absolument rien de cette effervescence et la Cinémathèque qui a pu résister, durant la décennie noire, à la tentation de la passivité, se retrouve aujourd'hui dans un état d'hébétude et de médiocrité incompréhensible.
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Posté Le : 11/05/2015
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Sarah H
Source : www.lesoirdalgerie.com