Algérie

La Russie veut se replacer



La Russie lorgne de nouveau du côté de la Méditerranée. Après une éclipse qui aura duré plus de 20 ans, la Fédération de Russie ambitionne de se replacer stratégiquement dans l'espace méditerranéen. C'est ce qu'a assuré hier Evgeny Nikolaevich Korendyasov, directeur des études sur l'Afrique à l'académie des sciences de la Fédération de Russie. L'invité de l'Institut national des études de stratégie globale (INESG), qui donnait à l'hôtel Hilton une conférence sur « La stratégie de la Russie en Méditerranée », est persuadé qu'une nouvelle dynamique, « une nouvelle conception de l'espace méditerranéen et de son environnement moyen-oriental » est en train de se mettre en place avec l'arrivée à la présidence de Dmitri Medvedev. « Nous voulons récupérer la place qui nous revient, défendre nos intérêts sans nous enliser pour autant dans les nombreux conflits que connaît la région », a-t-il déclaré. La Fédération de Russie, qui « recouvre son statut de puissance majeure sur la scène internationale depuis la crise en Ossétie du Sud », souhaiterait, selon lui, « accroître les domaines de coopération politique et économique avec les pays de la rive sud de la Méditerranée ». La Russie escompte aussi (et surtout) « renforcer sa présence militaire en Méditerranée ». Objectif ' « Sécuriser 30% des exportations énergétiques de la Russie qui transitent par l'espace méditerranéen. »Des raisons de l'attachement de la Russie à cet espace, l'ancien ambassadeur de Russie au Mali et au Niger en donnera plusieurs. D'abord, dit-il, « c'est une région chargée, sinon surchargée de conflits. C'est une région qui abrite les dangers les plus immédiats avec la menace de dissémination d'armes de destruction massive ». « Economiquement, souligne-t-il, la région est d'une grande importance pour nous. » En matière d'énergie, la Russie et les pays producteurs d'Afrique du Nord se disputent le même marché : « Vous exportez 80% de vos produits vers les pays de la rive nord de la Méditerranée et nous exportons 50% de notre gaz et 40% de notre pétrole vers l'Europe occidentale. » Le volume d'échange commercial avec l'Afrique, rapporte l'expert, est de l'ordre de 7 milliards de dollars, dont 1,4 avec l'Algérie, loin derrière le concurrent chinois avec plus 100 milliards de dollars.« On ne peut pas courir plus vite que ne le permet son pantalon », plaisante l'ambassadeur. « Avec la Chine, nous avons des intérêts en coïncidence. Il y a certes de la concurrence. C'est tout à fait normal, car nous sommes dans une économie de marché, mais nous n'avons pas que la Chine comme rivale, nous avons aussi les anciennes puissances coloniales qui verraient d'un mauvais 'il un come-back russe dans la région. » Le diplomate soutient néanmoins que son gouvernement a accueilli favorablement le projet d'Union pour la Méditerranée. « La Russie ne peut être ni neutre ni indifférente vis-à-vis de l'espace méditerranéen. »


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