La Russie préoccupée par «le destin du peuple arabe»

Le représentant permanent de la Russie auprès des Nations unies, Vitaly Churkin, a déclaré mardi dernier que la position de la Russie sur le dossier syrien se fondait exclusivement sur sa «forte préoccupation concernant le sort et le destin du peuple arabe».
Lors d'une conférence de presse qu'il a animée trois jours après le rejet par le Conseil de sécurité d'une résolution sur la Syrie suite au veto de son pays et de la Chine, M. Churkin a affirmé que «deux ou trois jours de travail supplémentaires auraient pu déboucher sur la rédaction d'un texte qui aurait bénéficié de l'aval de l'unanimité des membres du Conseil de sécurité». «Si l'objectif est d'obtenir le consensus, il faut saisir toutes les occasions qui se présentent», selon lui. «Nos collègues occidentaux se plaignent de nous, mais je pourrais tout autant dire qu'ils nous ont laissé tomber à cause de leur impatience. L'adoption de ce genre de résolution exerce une forte pression sur tout le monde et ils se sont laissés porter par leurs émotions», a déploré le représentant russe. M. Churkin a précisé que la Russie souhaitait un projet de résolution qui soit en mesure d'appuyer «véritablement» la Ligue arabe et non pas un texte qui aurait, selon lui, «échoué dès son adoption». Il a, par ailleurs, indiqué que «pour le moment», il n'était pas possible d'«entreprendre un «travail constructif» sur cette question au Conseil de sécurité. «Soyons professionnels», a-t-il poursuivi, «et n'oublions pas que dans cette affaire, il ne s'agit ni de la Russie, ni de la Chine, ni même du veto ou du Conseil de sécurité, mais du meilleur moyen de résoudre la crise et de mettre un terme à la violence qui sévit actuellement en Syrie». M. Churkin a dit espérer que la Ligue arabe puisse poursuivre son travail et redéployer sa mission d'observation, et a également appelé toutes les parties syriennes à faire preuve de retenue et à mettre un terme à la violence. Par ailleurs, M. Churkin a catégoriquement démenti les allégations de certains médias faisant état de menaces qu'il aurait proférées à l'encontre du Premier ministre du Qatar, lorsque les deux hommes s'étaient rencontrés à New York la semaine dernière, affirmant que «la Russie est amie du monde arabe». Il a expliqué que les discussions qu'il avait eues avec le Premier ministre qatari avaient porté exclusivement sur le projet de résolution sur la Syrie et sur la situation qui prévaut actuellement dans ce pays. «Il n'y a pas eu, ne serait-ce qu'un soupçon d'insolence de sa part ni de la mienne», a-t-il dit. M. Churkin s'est dit particulièrement préoccupé par l'utilisation faite par certains du veto russe, pour «empoisonner artificiellement» les relations entre la Russie et le monde arabe. «Notre position, a-t-il poursuivi, se fonde exclusivement sur notre forte préoccupation concernant le sort et le destin du peuple arabe. Nous venons en tant qu'amis, même dans des situations où nous pouvons être attaqués.»