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La Russie ouvre le front virtuel



La Russie ouvre le front virtuel
Le pire est-il à venir'Des cybergénéraux aux galons virtuels. Voilà qui fera retourner dans leurs tombes les Joukov, Bradley, George Patton et Montgomery. A défaut de tanks massés aux frontières et de soldats dans des tranchées, la nouvelle guerre sera menée par les hommes politiques, les hommes de culture, les penseurs et les journalistes. Quant aux victimes, ce seront des civils, mais très rarement des militaires.Autres temps, autres guerres. A Staline qui se moquait du Vatican qui, à ses yeux, ne représentait rien sur le plan militaire: «Le Vatican, c'est combien de divisions'», interrogeait-il Churchill joignant son humour légendaire à la sagesse avertissait son aviation qui allait attaquer Rome, qu'il ne fallait surtout pas bombarder le Vatican car, «il a un allié très influent (Le Bon Dieu, Ndlr)». Soixante et onze ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, une autre guerre, d'un autre genre, d'un autre style, sans frontières, sans limite et avec d'autres armes est lancée. Elle s'appelle la cyberguerre et dont les victimes ne sont jamais des soldats, mais des civils. En réunissant plus de 70 journalistes venus de 20 pays musulmans et arabes, la Russie a ainsi ouvert le front virtuel d'une guerre dont on n'a vu que lespremières batailles. Le pire est à venir' Au quartier général de l'Otan à Bruxelles, on est formel: la prochaine grande opération terroriste sera une cyberattaque. Aux Etats-Unis, le Pentagone a déjà installé le cybercommandement et l'on évoque des cybergénéraux aux galons virtuels. Voilà qui fera retourner dans leurs tombes les Joukov, Bradley, George Patton et Montgomery. A défaut de tanks massés aux frontières et des millions de soldats dans des tranchées, la nouvelle guerre impose ses propres exigences: elle sera menée par les hommes politiques, les hommes de culture, les intellectuels, les penseurs et les journalistes. Quant aux victimes, ce seront des civils, mais très rarement des militaires. La question cruciale est de ficeler une stratégie pour lutter contre la radicalisation et l'extrémisme via le Net. C'est ce que se sont attelés à faire les participants au «2e Forum des journalistes pour la lutte contre l'extrémisme», en conclave cette semaine, à Moscou. Approchés, la plupart des participants ont évoqué l'aspect déterminant des médias dans cette nouvelle guerre mondiale.Une armée invisibleNicolas Soukhov, orientaliste et chercheur à l'Académie des sciences de Moscou, coordinateur de cette conférence, estime que cette 2e édition de la rencontre des journalistes contre l'extrémisme est très fructueuse et réussie «car on s'est d'abord échangé des idées et la chose la plus importante est que nous réfléchissons à des actions concrètes pour justement mettre en applications toutes les idées qu'on a développées durant ce séminaire». Pour M. Soukhov, il est question en effet de constituer une «armée du Net». «Nous pensons à la possibilité de créer une armée électronique pour lutter contre la propagande terroriste et l'extrémisme sur les réseaux sociaux». A cette armée virtuelle, se joindra un appel aux nations unies. «Nous lancerons un appel aux Nations unies afin d'interdire les chaînes satellitaires et les réseaux sociaux qui donnent un espace d'expression aux responsables des organisations qui font la propagande de leurs produits de même qu'on a lancé un appel toujours aux Nations unies en vue d'établir un cadre juridique adéquat qui facilitera la lutte contre ces opérations terroristes», a encore préconisé cet orientaliste. Pour le docteur El Souheil Farah, professeur de la pensée occidentale et de la philosophie des civilisations à l'université de Beyrouth et de Moscou «le quatrième est la presse qui est devenue le deuxième pouvoir et joue un grand rôle dans la fabrication de la conscience collective et donc d'orienter la jeunesse de manière à ce qu'il y ait un autre message pour toute cette jeunesse arabe et islamique noyée, un message autre que celui de la barbarie». Le professeur El Souheil est optimiste quant à l'existence d'une «voie de rechange et qui peut être entendue». Cette voie, explique-t-il, répandra la culture du dialogue entre les différentes cultures et religions. La Russie est au coeur de l'Eurasie, elle a une culture diversifiée. Le Monde arabe et islamique est aussi différent et diversifié. Pour le professeur «cette diversité, peut être répercutée par les médias en focalisant les aspects les plus positifs dans les deux personnalités culturelles, de la Russie et du Monde-arabo musulman», suggère ce professeur pour souligner le rôle prépondérant des médias à ce niveau. «J'espère que cette 2e édition ouvrira d'autres perspectives pour d'autre actions et activités plus larges et plus profondes et plus efficaces qui ne se limiteront pas aux élites, mais qui toucheront également la jeunesse pour faire entendre la voix de la culture, de la civilisation, et pour que la boussole de la vie soit orientée vers la culture de la paix, la culture de l'entraide, de la production, de la création, de la vie et contre la culture de la mort, du sang et de la destruction qui apparaît chaque jour sur les écrans des télévisions.» Norhane Echeikh, enseignante de sciences politiques à l'université du Caire et directrice du Centre des études stratégiques et internationales en Egypte trouve que c'est une excellente initiative qui «s'ajoute à d'autres pour la lutte contre le terrorisme et dans ce domaine, le rôle des médias est central, particulièrement en cette période cruciale».Fin de mission pour l'ONU'Elle abonde dans le sens du professeur El Soheil, estimant que le rôle des médias est crucial en ces temps de crise que traverse le Monde arabo musulman. «Les médias ont un pouvoir d'influence sur les masses populaires et surtout la jeunesse envers laquelle ils se doivent de véhiculer un message de paix.» Pour Samira Frimeche, directrice de la rédaction du journal koweïtien Oneline Ennahar, «le forum est un pas important et surtout une opportunité d'aborder les aspects concrets. On a abordé pratiquement tous les aspects et les difficultés dont souffre le Monde arabe et musulman en proie à l'extrémisme et trouvé le moyen d'éradiquer ce cancer». Samira Frimeche, également directrice du département diplomatie et politique dans le même journal (dans sa version imprimée), note par ailleurs qu'il est nécessaire «d'ajouter à ces actions intellectuelles et opérations médiatiques, le contrôle rigoureux sur les collectes et la circulation des fonds en vue de tarir les sources de financement de ces organisations extrémistes qui développent une pensée étrangère à l'islam qui est une religion de paix». Le docteur Mohammed Enayel écrivain-journaliste, président du Conseil général des journalistes soudanais et professeur associé à l'université constate quant à lui qu'«il y a une réelle avancée par rapport au premier forum, d'abord, de par le nombre de participants puisqu'on est passé de 40 à 70, ensuite, cela montre l'intérêt de la Russie à élargir la base des participants dans le Monde arabe et musulman». Il relève également «cette conviction partagée chez les participants et ce grand effort palpable pour corriger certains concepts islamiques et tous les participants sont d'accord pour lancer un appel à l'Organisation des Nations unies afin qu'elle prenne des mesures pour fermer les sites de propagande islamistes».Viniamine Popov président du Groupe de vision stratégique«Ce que nous voulons faire avec l'Algérie»L'expérience algérienne dans la lutte contre le terrorisme s'avère aujourd'hui comme un capital inestimable pour les pays en proie à ce fléau...c'est-à-dire pour le monde entier. Approché en marge du Forum des journalistes pour la lutte contre l'extrémisme, l'ambassadeur Vinamine Popov, président du Groupe de vision stratégique, a révélé qu'il a un intéressant projet à réaliser avec l'Algérie. «J'ai une idée, une grande idée. Nous devons nous entendre avec des historiens algériens et russes en vue de rédiger un excellent ouvrage sur le terrorisme. J'ai parlé avec l'ancien ambassadeur d'Algérie à Moscou et l'actuel ambassadeur que j'ai connu à Tunis. Ce sera un excellent ouvrage pour les autres pays qui soufrent actuellement de ce fléau.» La motivation de M. Popov pour ce projet est due au fait que l'Algérie «a été le premier pays dans le monde à avoir fait cette très douloureuse expérience et qui a eu à affronter l'extrémisme religieux. L'Algérie a réussi à vaincre le terrorisme. Toute cette expérience mérite d'être publiée et connue par les autres» cela, d'une part, de l'autre, il estime que «l'Algérie a un grand poids en Afrique et ailleurs dans le monde, sa voix et son expérience doivent être connues et entendues partout dans le monde». M. Popov a une longue histoire avec l'Algérie et raconte l'anecdote qui s'est déroulée au Caire. «En 1967, au lendemain de la guerre israélo- arabe, je me trouvais au Caire avec un responsable algérien très proche du défunt président Boumediene. Il me disait ce-ci: 'Cette guerre a été une défaite pour l'Egypte, mais pas pour le Monde arabe, car dans le Monde arabe il y a l'Algérie et l'Algérie ne perd pas de guerre.''» L'ambassadeur Popov ému, ajoute, «c'est l'Algérie qui gagne», l'Algérie est un pays de militants où les citoyens ont de la fierté, beaucoup de fierté. Nous les Russes aussi et c'est ce qui nous rapproche, nous partageons cet esprit de fierté. Nous sommes condamnés à l'entraide», conclut-il.




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