Algérie

La Russie en épouvantail



Ayant la même conception de jeu où le football collectif est une véritable institution, les équipes de Russie et de Hollande se sont livré une splendide bataille. La lourde défaite des Pays-Bas ne peut laisser personne indifférent. Et, fatalement, la question qui nous brûle les lèvres est posée: celui qu'on considérait comme l'élève aurait-il dépassé le maître ? En trois matches du premier tour, la défense mise en place par Van Basten n'a encaissé qu'un seul but. Si samedi, contre les Russes, elle en prend trois, c'est qu'il existe des explications. Avant le coup d'envoi de l'Euro, cette défense était cataloguée par les observateurs comme le maillon faible de l'équipe et ce, en dépit de la forme du gardien Van Der Sar. «Je suis fier de mes défenseurs», s'est exclamé le coach batave lorsque ses poulains ont réussi à repousser les assauts des Italiens, des Français et des Roumains, le but inscrit par Henry n'ayant jeté aucune ombre sur ce tableau idéal. S'est-il trop fié aux chiffres qui indiquaient que les Russes ont encaissé quatre buts face aux Espagnols ? N'a-t-il pas remarqué, qu'après s'être ressaisis contre les Grecs, les Russes ont fait une éclatante démonstration face à des Suédois médusés et réduits à l'impuissance ? Et, on en arrive au système de jeu adopté à l'unanimité par les joueurs, eux-mêmes, avec un seul attaquant, avec trois milieux en soutien, qui va permettre à la «légende» du football batave Cruyff de dénoncer le revirement de Van Basten, dans un premier temps d'accord pour le 4-3-3. Or, Van Nisterloory, en dépit du but marqué, a été mis sous l'éteignoir par le rude Kolodine (n°8) qui, soit dit en passant, n'a pris qu'un seul carton jaune, alors qu'il multipliait les fautes sur l'avant-centre du Real Madrid. La titularisation de Boulahrouz (affecté par le décès de son nouveau-né), le maintien de Robben sur le banc sont de mauvaises décisions du coach hollandais. Toutefois, ces constats ne diminuent en rien les mérites de cette équipe russe complète dans toutes ses lignes, technique, rapide, solide physiquement et mentalement. Après la défaite subie face à l'Espagne, leur coach Hiddink a resserré les boulons de son édifice, tout en s'efforçant de décomplexer ses joueurs, afin qu'ils prennent conscience de leurs qualités. Le résultat est spectaculaire. Trop facile face à des Suédois limités, ses protégés ont étalé tout leur savoir-faire où tout y passa, jeu à deux ou à trois, dribbles, passes courtes et passes longues, tirs de loin qui ont donné des sueurs froides au chevronné Van Der Sar, débordements et centres en retrait, bref une remarquable panoplie de gestes techniques. Et lorsque tout ceci est accompli devant une très bonne équipe hollandaise constellée d'étoiles, cette prestation doit être perçue à sa juste valeur. Après la coupe de l'UEFA remportée brillamment face à des rivaux huppés, par le «noyau» du Zenith St-Petersbourg (6 joueurs), a-t-on assisté samedi à la naissance d'une grande équipe ? Tout le monde est tenté de répondre par l'affirmative.






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