Algérie

La Russie dénonce l'"ingérence" américaine


Une vue des manifestations en Iran«Nous sommes tous ensemble derrière le guide, à mort l'Amérique, à mort Israël, à mort les mounafikine» ont dominé les slogans entendus dans une quarantaine de villes...
La réunion du Conseil de sécurité de l'ONU demandée par les Etats-Unis en vue d' une résolution sur les manifestations en Iran, est «une ingérence» de Washington dans les affaires du pays, a prévenu hier Moscou dont le vice-ministre Sergueï Riabkov, cité par l'agence Interfax, a estimé que les Etats-Unis «continuent à interférer ouvertement et de manière cachée dans les affaires intérieures des autres pays, (et) ils le font sans aucune honte». La Russie a également exigé une consultation à huis clos avant cette réunion qu'elle a vivement dénoncée. Nous l'avions déjà écrit, le contexte régional est tel au Moyen-Orient que l'Iran a certes besoin de la Russie autant que la Russie a besoin de l'Iran, et il faut y ajouter le soutien de la Turquie dont le président Erdogan manoeuvre avec intelligence, depuis deux ans au moins, pour trouver un équilibre difficile entre des alliances improductives tant les pays occidentaux, notamment européens, jouent au chat et à la souris avec Ankara, et le souci de demeurer une puissance régionale qui compte à l'heure d'un grand remodelage contraint et forcé. Le régime iranien qui a rétabli le calme dans pratiquement tout le pays a bénéficié hier, dans une quarantaine de circonscriptions relevant de la province de Téhéran, d'imposantes manifestations de soutien au cours desquelles les dizaines de milliers de femmes et d'hommes ont scandé des slogans hostiles aux Etats-Unis et à Israël tout en affirmant leur détermination à faire barrage aux «fauteurs de troubles», comme les a qualifiés le président Rohani. «Nous sommes tous ensemble derrière le guide, l'ayatollah Ali Khameneï, à mort l'Amérique, à mort Israël, à mort les mounafikine» ont dominé les slogans entendus dans une quarantaine de villes de province.
Téhéran n'a pas réagi, hier encore, à l'annonce américaine d'imposer de nouvelles sanctions visant des groupes industriels soupçonnés de participer au programme des missiles balistiques. Le souci des dirigeants reste le retour au calme, après que les plus hauts responsables des Gardiens de la révolution, l'unité d'élite de l'armée iranienne, eurent menacé les protestataires «contre la vie chère et la corruption» d'une riposte appropriée à leurs attaques violentes.
Au terme de cinq jours ou plutôt de cinq nuits de contestation parfois meurtrière, le calme est donc revenu alors que la capitale et les villes importantes ont reçu un déploiement conséquent des forces de sécurité. En témoigne le fait que Téhéran en est à sa troisième nuit sans le moindre incident.
La majorité des Iraniens s'est en outre insurgée contre la dégradation des biens publics dont beaucoup ont été soit incendiés soit endommagés. Un commissariat de police a ainsi subi ce genre de vandalisme. 21 personnes ont été tuées parmi lesquelles des passants non concernés par les manifestations et plusieurs centaines d'arrestations effectuées. Les dirigeants iraniens ont mis en cause à la fois les Moudjahidine du peuple, principal groupe d'opposition et la famille régnante saoudienne dont ils soupçonnent la connivence avec Israël et les Etats-Unis, depuis l'arrivée du nouveau prince héritier Mohamed ben Salmane.
Pour eux, les Al Saoud et les moudjahidine du peuple auraient ainsi profité des revendications légitimes des citoyens mécontents de la vie chère pour lancer des groupes contre-révolutionnaires à l'assaut du régime. Une opération dans laquelle ils mettent également en cause les Etats-Unis qui ont bruyamment apporté leur soutien aux contestataires et convoqué, à l'effet d'une condamnation internationale, le Conseil de sécurité de l'ONU. Hier encore, un responsable iranien de la cybercriminalité et adjoint du procureur général a critiqué le gouvernement, en particulier le ministre des Télécommunications, pour ne pas avoir bloqué l'Internet face aux «fauteurs de troubles et aux ennemis», signe que le temps du bilan ne va pas tarder. «L'ordre de bloquer tous les canaux sur la messagerie cryptée Telegram, qui invitaient la population à la violence avait été transmis par les responsables judiciaires au ministre des Télécommunications, mais malheureusement aucune mesure n'a été prise», a ainsi déploré Abdolsamad Khoramabadi, secrétaire du Comité chargé de la cybercriminalité.
Pourtant, les autorités ont bloqué les réseaux sociaux Telegram et Instagram 48 heures après le début des protestations, sachant que ces canaux sont exploités par des groupes d'opposition pour inviter les jeunes Iraniens à l'insurrection. Instagram a pu activer de nouveau, mais mercredi dernier le ministre des Télécommunications, Mohammad Javad Azari Jahromi, a conditionné le retour en Iran de Telegram par une suppression préalable de son contenu «terroriste». Selon M. Khoramabadi, il existe quelque 8 500 canaux sur Telegram avec un message visant «la sécurité nationale, les valeurs sacrées de l'islam et la morale publique» et il a ajouté en guise de sentence que «l'ancien et l'actuel ministre des Télécommunications ont résisté face aux ordres» de bloquer ces canaux. 41 millions d'Iraniens sur les 80 que compte le pays sont connectés et 25 millions sont en effet des habitués de Telegram. D'où la polémique naissante.
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