Algérie

LA RUMEUR BATIFOLE SANS L'INFO



Peut-on éviter de parler de la «rumeur» sur la santé du président de la République qui a gonflé de manière démesurée vendredi et a permis à un blogueur de France de faire le buzz de sa vie ' A l'évidence, on doit en parler puisque M. Amar Belani, porte-parole du ministère algérien des Affaires étrangères, a fini par le faire. Douze heures au moins après que la rumeur eut pris son envol. Il s'agit de «rumeurs malveillantes… qui ne méritent pas que l'on s'y attarde tant elles sont indignes et méprisables», a-t-il déclaré à TSA.
Le problème est que de nombreux Algériens branchés s'y sont attardés. Ils ont été des milliers à visiter le blog qui l'a publiée ; et ils sont devenus, malgré eux et souvent dans le désarroi, les vecteurs de la rumeur. Elle s'est ainsi rapidement répandue des réseaux internet vers les téléphones mobiles et les SMS. Il faut préciser que les rumeurs qui «marchent» ne partent jamais de rien. Tout le monde sait que le président Abdelaziz Bouteflika a eu des problèmes de santé et a été hospitalisé en 2005 à l'étranger et que son rythme de travail a baissé par la suite. C'est sur ces éléments factuels que se construisent des rumeurs récurrentes. Toutes n'ont pas eu l'impact qui a été ressenti dans la «folle soirée du vendredi» et beaucoup se sont estompées quand l'information a fini par reprendre le dessus.
Comment dès lors traiter ce genre de situation ' La réponse la plus évidente, la plus tranchante : par la transparence et par l'information. Le porte-parole des Affaires étrangères a beau avoir qualifié la rumeur de «méprisable» et de «malveillante», il a bien fallu en définitive s'attarder, ne serait-ce qu'un instant, à lui répondre. Les rumeurs se nourrissent avec voracité de l'absence de réaction. Les autorités peuvent décider de choisir de rester silencieuses «par mépris» à l'égard de la rumeur. C'est un gros risque car une partie de ceux qui accèdent à la rumeur ne verraient dans ce mutisme qu'un signe d'embarras, voire une confirmation. Le seul antidote à la rumeur, qui est aussi vieille que les sociétés, est l'information.
C'est vrai que ce genre de rumeur a tendance à se répéter… et la présidence de la République n'est pas tenue de réagir officiellement à chaque fois que quelque chose circule au sujet de la santé du président. On le concède volontiers : tout ce qui s'écrit sur le web ne mérite pas un démenti officiel en bonne et due forme. Ce serait faciliter la tâche de ceux qui se cherchent un quart d'heure de célébrité même avec des scoops bidon. Il y a cependant une appréciation de la situation à faire. Si les instruments de veille n'alertent pas rapidement sur une rumeur qui monte, cela signifie qu'il y a au moins un problème de fonctionnement et de réactivité. Car dans ce genre de situation, ne rien dire du tout, ne donner aucun élément d'information est totalement contre-productif.
La rumeur de vendredi aurait pu être étouffée dans l''uf sans avoir à faire de communiqué officiel. Il ne manque pas de canaux où les responsables peuvent réagir en parlant de manière simple et claire. M. Amar Belani - on le cite juste pour l'exemple et on n'ignore pas qu'exercer des fonctions comme les siennes dans le système algérien n'a rien d'une partie de plaisir - aurait été plus efficace s'il avait parlé dans la soirée du vendredi, quand la rumeur a commencé à prendre. Il aurait pu dire «à temps» son «mépris» pour la «rumeur malveillante» et y couper court. En attendant la journée du samedi pour s'exprimer, on lui a laissé le temps de faire son 'uvre et de semer le doute.


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