Algérie

La ruée vers l'eau



Hier, c'était la Journée mondiale de l'eau. Une célébration qui s'est faite en Algérie sous le signe de la sécheresse. En effet, l'hiver qui s'est achevé, lundi dernier, a été aussi pauvre en pluie que les trois précédents. Pourtant, l'espoir était revenu au mois de novembre dernier avec d'importantes averses qui se sont abattues sur tout le pays. Mais, ce tant attendu mauvais temps a vite laissé place au... beau temps. La pluie s'est fait désirer jusqu'à ce mois de mars où l'on assiste à un nouvel épisode pluvieux. Il demeure très insuffisant pour le moment! Le taux moyen de remplissage des barrages n'est encore que de 37%. L'Algérie dispose actuellement de 75 barrages en cours d'exploitation. Certains d'entre eux sont quasiment vides. Les dernières précipitations ne sont qu'une goutte d'eau dans un océan. Un faible espoir demeure avec des pluies diluviennes en avril, mais même dans ce cas cela pourrait s'avérer insuffisant pour pallier ce grand déficit accumulé depuis presque trois ans. Les régions ouest du pays connaissent le plus grand déficit en ressources hydriques en raison de la faible pluviométrie enregistrée par rapport aux wilayas de l'est. Des zones d'ombre liées au manque d'eau risquent d'apparaître dans les grandes wilayas de l'ouest et même au niveau de la capitale. L'enjeu est donc très grand, voire vital.Des anticipations et un sauvetage!
Des décisions fermes ont dû être prises par le président de la République, Abdelmajid Tebboune. La plus importante est la révision du programme de distribution de l'eau. La fin du Ramadhan 2021 a sonné celle de la fin du H24. Dans la plupart des 1541 communes du pays, l'AEP ne se fait qu'un jour sur deux. Après «l'hiver sec» que l'on vient de vivre, on s'imagine quelle aurait été la situation aujourd'hui si une telle décision n'avait pas été prise.
L'Algérie aurait certainement eu très soif, les foyers n'auraient peut-être même pas trouvé de l'eau pour boire! Certes, il s'agit d'un scénario catastrophe, mais il n'est pas exclu avec la poursuite de la sécheresse pour un pays dont la moitié des ressources hydriques provient des barrages. C'est alors que le chef de l'Etat a anticipé les choses en décidant de sortir de la «dépendance à la pluie» comme celle des hydrocarbures. Il a ainsi mis en place un plan spécial pour diversifier les ressources en eau» du pays. Ce qui semble avoir déjà donné ses fruits puisque les barrages ne constituent actuellement que 33% seulement des ressources en eau produites à l'échelle nationale alors qu'ils étaient jusque-là majoritaires.
Les forages lancés l'été dernier ont fait que la nappe phréatique devient la principale ressource hydrique du pays (50%) contre 17% pour les stations de dessalement et d'épuration. Le nombre de ces dernières est appelé à augmenter avec les ambitieux projets lancés l'an dernier, et dont beaucoup devraient être livrés l'été prochain. À l'image de celle de Bateau cassé (Alger) d'une capacité de 10.000 mè-tres cubes, la station d'El Marsa (Alger), d'une capacité de 60.000 mè-tres cubes qui sera prête début juillet prochain, la station de Corso (Boumerdès) d'une capacité de 80.000 mètres cubes ainsi que la station de Bou Ismaïl (Tipaza).
Le secteur a également pour objectif de réaliser deux stations dans les régions Est et Ouest du pays, avec de grosses capacités de production. Ce qui doit permettre de passer de 60% à 21% de dépendance aux eaux de surface. Cependant, un pays semi-aride comme l'Algérie se doit de réduire encore plus cette dépendance. C'est dans ce sens que le secteur des ressources en eau s'emploie à développer d'autres ressources hydriques permanentes comme l'épuration des eaux usées. L'autre objectif est de réduire les pertes d'eau qui représentent une grande partie de l'eau distribuée, notamment au niveau de la capitale. Ce qui est très loin d'être gagné. Une triste anecdote vécue le mois dernier dans la commune de Rouiba (banlieue Est d'Alger) résume à elle seule tout le travail qui reste à faire dans ce sens.
Pertes: le grand défi...
Pendant plus de trois mois, des torrents d'eau coulaient d'une fuite au niveau de la vanne de distribution. Ce n'est pas faute d'avoir été signalée des centaines de fois par les riverains. Il aura fallu de la «maârifa» pour mettre fin à ce grand gaspillage d'une ressource aussi précieuse que l'eau. On ne parle même pas de l'état dans laquelle la chaussée a été laissée à la suite de ce «rafistolage».Cest dire que les grands plans mis en place en haut lieu et les milliards dépensés ne changeront rien si on ne met pas fin à ce type de comportements. «Eau secours»...


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