La rue ne décolère pas en Egypte L'opposition a-t-elle 'sauvé" Morsi '

Accord contre les violences entre pro et anti-Morsi in extremis. Le président islamiste dont les jours étaient comptés aura été sauvé par son opposition ! Impensable avant cette réunion de jeudi entre les principaux dirigeants de l'opposition égyptienne et ceux des Frères musulmans, dont est issu le président égyptien qui s'est conclue, selon Ahmed Maher, fondateur du mouvement du 6-Avril, par un accord. Les représentants des différents camps se sont retrouvés autour d'une même table, à l'initiative du recteur de l'université et de la mosquée Al-Azhar, l'une des plus hautes autorités de l'islam sunnite. La perche de l'opposition a été tendue, mercredi, au moment où Morsi était à Berlin pour entendre les conditions à l'assistance financière quémandée par lui pour éviter le chaos à son pays, pratiquement en cessation de paiement. La chancelière allemande, qui parlait certainement au nom de tous les partenaires occidentaux de l'Egypte, a exigé de la part de son hôte de la démocratie. L'Egypte est la proie de nouvelles manifestations violentes qui ont commencé à Port-Saïd et se sont ensuite étendues dans tout le pays, portant à 54 le nombre de morts à la suite de confrontations avec les forces de police. Morsi avait beau décrété l'état d'urgence, les troubles n'ont pas cessé et le couvre-feu n'a pas été respecté du tout. Conscient de la dérive dans laquelle a plongé l'Egypte, l'opposition s'est adressée au président qu'elle a qualifié de nouveau pharaon, l'enjoignant d'ouvrir de vraies négociations avec elle s'il se situait franchement et très clairement contre les violences. Il n'y a pas que l'incertitude des aboutissements des manifestations qui a poussé l'opposition à offrir une voie de sortie au président islamiste. Celui-ci allait appeler l'armée pour rétablir l'ordre et celle-ci, selon l'opposition, était justement aux aguets pour revenir sur le devant de la scène d'où l'a chassé Morsi en août 2012. Et pour l'opposition : tout, sauf l'armée qui doit se contenter de ses fonctions militaires, laissant la politique aux politiques. La question maintenant est de savoir quelle sera la portée de l'accord sur les manifestations, d'autant que, selon tous les observateurs, les manifestants qui affrontent la police et brûlent des bâtiments ne sont des sympathisants d'aucun parti politique ' Ensuite, quelle sera la suite de cette réunion opposition-pouvoir, la première de ce type depuis les troubles qui ont commencé en automne dernier, lorsque Morsi s'était accaparé de tous les pouvoirs pour, entre autres, imposer une nouvelle constitution rédigée que par les Frères musulmans '
D. B.