La rue jusqu'à 17h et la terrasse juste après !

«Wallah, moi, je sors tous les jours. Sans problème ! Wallah, c'est vrai ! Tant pis pour ce qui arrivera mais moi je n'ai pas l'intention de me transformer en femme au foyer. Ma femme, c'est ma femme et moi, c'est moi. A chacun ses occupations» ! Celle-là, on ne me l'a pas racontée. Je l'ai saisie au passage, dans la rue où je me retrouvais pour une raison impérieuse, après plus de vingt jours de confinement. Et tandis que je paniquais, oui, je n'ai pas honte de dire que la situation m'effraie à plus d'un titre, en l'absence de masque pour me protéger et à l'idée de croiser quelqu'un qui m'éternue au visage, lui, bombait le torse, fier de partager son courage avec quelqu'un au téléphone ! Ils sont nombreux, comme lui, à ne pas se résoudre à rester chez eux ! Ils sont pas mal à préférer traîner dehors et mettre leur vie et celle des autres en danger. Et quand je dis les autres, je ne pense pas seulement à ceux qu'ils croisent dans la rue mais à leur famille et leurs voisins!Les cafés et les restaurants sont fermés, les gargotes aussi ! Qu'est-ce qui pousse à aller errer dehors, souvent sans but précis ' De temps à autre, vous entendez hurler une sirène d'ambulance. Elle fend le silence ambiant comme pour alerter qu'elle transporte vers l'hôpital le plus proche une personne contaminée. Peut-être l'une de celles qui refusent de se soumettre au confinement, réservé, selon elles, aux poules mouillées !
A force de rassurer les gens qui, déjà, hésitent à y croire, les autorités finissent inévitablement par faire définitivement douter de la gravité de la situation. Je pense soudain aux harragas qui, en confiant leur avenir à une embarcation de fortune, sont convaincus de triompher du danger et sont avalés par les eaux. Jouer au chat et à la souris avec ceux qui, contrairement à ce qu'ils déclarent pour ne pas susciter d'affolement, savent que la pandémie ne connaîtra pas d'issue triomphale dans un futur proche ' Le temps que les pronostics évoluent en faveur de l'humanité dans son ensemble, ceux qui prennent leur mal en patience auront à en subir d'autres qui, sans raison essentielle, continueront à tourner en rond.
M. B.