Convocations devant la justice de personnalités proches du clan Bouteflika, auditions, enquêtes sur la dilapidation des biens publics, etc., le feuilleton judiciaire de ce qui s'apparente à une purge politique en règle se poursuit sans que personne ne sache quand il va s'arrêter. D'ailleurs, de peur d'être traînées devant les tribunaux, les têtes de quelques partis islamistes s'accusent mutuellement, via les médias, sur fond de rumeurs de leur probable arrestation, en tentant de justifier certaines rencontres suspectes avec les réseaux du clan bouteflikien.Bref, l'actualité évolue à géométrie variable en Algérie. Alors que la justice s'emballe d'un coup contre les symboles de l'ancien régime et la corruption, le peuple ne semble pas trop y accorder foi. Dans l'esprit de ceux d'en bas, le pouvoir gagne du temps d'autant qu'il ne vise qu'à contenir la contestation populaire contre le système et baliser le terrain pour l'échéance présidentielle du 4 juillet prochain. Un pari incertain dans un pays en pleine ébullition révolutionnaire. Si jamais il le réussit, argumentent certains internautes sur les réseaux sociaux, il se refera décidément une virginité pour affirmer sous un autre visage sa crédibilité à l'international et renaître tel un sphinx sur ses cendres tandis que d'autres s'interrogent sur l'intérêt d'une telle démarche au moment où la rue a vraiment besoin d'être rassurée que l'on n'essaie pas de dévoyer le mouvement populaire de son cours normal.
Sans doute, la tendance au «dégagisme» qui a le vent en poupe, ces dernières semaines, aurait poussé les décideurs à privilégier la voie légale pour échapper au « vide politique », synonyme selon eux d'incertitude, et au rouleau compresseur de la rue. Mais est-ce la bonne solution quand on se rend compte que la revendication principale exprimée lors du 13e acte de manifestations, c'est le départ de tout le système ' Pas sûr ! Le problème, c'est que, jusqu'à présent, aucun terrain d'entente n'est dégagé des deux côtés (rue et pouvoir) pour aboutir à un compromis historique, susceptible de sortir le pays de la crise. Le chef d'état-major qui prend le relais de la chaise « symboliquement » vide de Bensalah, semble déterminé à passer à l'étape d'élection présidentielle et la rue attend qu'il lui cède officiellement le pouvoir.
Plus d'un mois après la chute de Bouteflika, aucune carte valable pour une transition consensuelle n'est sérieusement acceptée, du moins en apparence, par les deux parties. Ce qui augure, peut-être, d'un bras de fer encore plus long alors que les portes du dialogue restent encore fermées.
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Posté Le : 20/05/2019
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Kamal Guerroua
Source : www.lequotidien-oran.com