Algérie

La rue égyptienne a repris du service L'armée dans la ligne de mire des émeutiers d'El-Ahly



La rue égyptienne a repris du service L'armée dans la ligne de mire des émeutiers d'El-Ahly
Le calme n'a pas l'air de vouloir revenir en Egypte. Le Caire et Suez ne sont pas apaisés, et la fièvre menace de s'étendre à d'autres localités. Un remake de la révolution de 2011, depuis les violents affrontements entre manifestants et forces de l'ordre, trois jours après la mort de 74 supporters lors d'un match de football à Port-Saïd. Pour la cinquième journée d'affilée, la capitale égyptienne était, dimanche, le théâtre d'affrontements entre manifestants et forces de l'ordre, qui ont fait 4 morts dans la capitale et 2 à Suez, et selon le ministère de la Santé, 1.051 blessés, dont un grand nombre de personnes intoxiquées par les gaz lacrymogènes utilisés pour disperser les manifestants. Le feu avait également pris à Suez, la ville d'où s'était propagé la 'révolution du Nil' vers la place Tahrir au c'ur du Caire, devenue le lieu emblématique du printemps égyptien.
Le pouvoir militaire est la cible d'une colère grandissante depuis la mort de
74 personnes dans un stade de football à Port-Saïd. Les officiels, les nouveaux dont le parti des Frères musulmans, majoritaire dans la chambre basse du Parlement, ont imputé la catastrophe de Port-Saïd aux partisans d'Hosni Moubarak, chassé du pouvoir le 11 février 2011, soupçonnés de chercher à plonger l'Egypte dans le chaos.
Une thèse très controversée, car les émeutiers du Caire qui ont assiégé les locaux du ministère de l'Intérieur, les supporters d'El-Ahly, le club phare de la capitale voire du pays, ont une toute autre idée. Pour eux, 'l'incapacité' des forces de l'ordre à assurer la sécurité du match, est un complot visant à jeter l'opprobre sur eux. Ce sont certes des 'hooligans', comme ils en existent partout ailleurs dans le monde, avec leur code d'honneur et leur organisation, mais ils ont joué un rôle de premier plan lors de la révolte contre le régime de Moubarak. Et, c'est une vraie force de frappe avec des dizaines de milliers de jeunes, pour la plus part oisifs, qui n'attendent qu'à en découdre. Les images en boucle de leurs affrontements avec les forces de sécurité et leurs engins blindés, sous des pluies de gaz lacrymogènes, sont en elles mêmes, assez significatives. Selon les protestataires sur le 'champ de bataille', pas loin de la place Tahrir où se déroulaient des manifestations pacifiques de démocrates et républicain modernistes, l'objectif n'était pas de prendre le bâtiment, mais 'de provoquer une réaction des autorités à même d'élargir la mobilisation contre les militaires qui assurent l'intérim depuis un an'. Une exigence qui converge avec les revendications de la place Tahrir où une coalition de 28 organisations pour la démocratie a organisé des meetings après la grande prière du vendredi pour exiger la fin du pouvoir de l'armée. Les manifestations devront se poursuivre jusqu'à la fin du week-end qui est universel en Egypte.
Les observateurs auront remarqué l'absence des Islamistes dans ces manifestations pacifiques et ces émeutes. Une absence qui en dit long sur le deal que les Frères musulmans et En-Nour, leur frange salafiste, avaient conclu avec la hiérarchie militaire au pouvoir. Les islamistes ont raflé le fruit de la révolution égyptienne alors qu'ils n'y avaient pas pris part. Et, selon les révolutionnaires, ils auraient exploité la mauvaise gestion de la transition démocratique par l'armée pour sortir grand vainqueur des urnes. La crise est loin d'être close en Egypte, comme d'ailleurs, en Tunisie où Ennahda fait l'apprentissage du pouvoir sous la haute surveillance de son propre électorat. Et au Maroc également gouverné par des islamistes et où les habitants de la zone El- Koucha à Taza, dans le nord-est, ont organisé vendredi après-midi une marche vers le tribunal de première instance de la ville pour réclamer la libération de 13 personnes arrêtées, mercredi dernier, après les affrontements entre les manifestants et les forces de l'ordre qui ont fait près de 200 blessés. Selon l'Association marocaine des droits humains (AMDH), environ 3.000 personnes prenaient part à cette marche, la 3e du genre depuis le 4 janvier dernier.
Cette fois-ci, la marche s'est transformée en émeutes sur fond de revendications sociales notamment des emplois pour les jeunes chômeurs exacerbés par la hausse des factures d'eau et d'électricité. Le pouvoir aux islamistes n'a pas changé grand-chose dans ce pays, pas même un temps de grâce. Egyptiens, Tunisiens et Marocains veulent aussi une part de paradis sur terre. 'Le feu est sous la paille', pour reprendre une expression de chez nous.
D. B


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)