La rue commente l'agression marocaineBOUIRA

L'agression caractérisée contre l'intégrité de la représentation diplomatique algérienne en territoire marocain est différemment perçue par la rue. Les commentaires vont d'une urgente riposte à des analyses plus modérées et réfléchies.«L'acte ne doit pas sortir du cadre. C'est un fait isolé et n'implique pas le peuple marocain. Il est l'oeuvre des services du roi qui craignent pour leur avenir et la monarchie dans un contexte politique international instable et contestant les systèmes en place. L'atteinte à l'Algérie s'inscrit pour les plus au fait de la géopolitique, dans une volonté de détourner les regards et taire la contestation populaire. Depuis la mise en place des dispositifs de lutte contre la contrebande et les barons de la drogue sur les frontières Ouest algériennes, les services du roi sont confrontés à la grogne des populations frontalières. Cette contestation fait tache d'huile et commence à se déplacer vers l'intérieur du pays. Cette crainte de voir la monarchie contestée et destituée aurait amené les services du roi à user de techniques et manigancer contre l'Algérie. L'attaque contre le siège de notre représentation diplomatique n'est qu'une suite logique et un aboutissement aux multiples cavales menées par la presse du roi depuis quelque temps contre l'Algérie.
«Connaissant le Maroc pour l'avoir visité en 1994, juste avant la bombe de Marrakech la même année, je suis convaincu que l'élément qui a franchi le mur de notre ambassade n'est pas un simple citoyen. Le peuple craint trop les services de sécurité pour les défier. Cette homme ne peut être qu'un agent de ces services» commente un citoyen. A la question de savoir quelle est la position à adopter suite à cette atteinte à l'emblème national, les avis diffèrent. La majorité des personnes rencontrées sont pour une rupture totale des relations avec un pays qui a de tout temps considéré l'Algérie comme un potentiel danger pour sa monarchie. «Feu Boumediene avait des positions dont nous sommes toujours fiers» nous dira un vétéran d'Amgala 2. «Il faut cesser d'être plus royaliste que le roi. Ils ne nous aiment pas. Rendons-leur la monnaie. On n'a que faire d'un pays dont l'unique ressource reste les tonnes de drogue qu'il nous déverse quotidiennement», pense notre interlocuteur. Pour un universitaire l'avis est tout autre. «L'Algérie est visée de partout conséquemment à son rôle sur le continent et dans la région. Elle ne doit pas tomber dans cet énième piège qui vise sa stabilité. Elle doit rester ferme sur ses principes en continuant à attirer l'attention du monde sur le non-respect des droits de l'homme au Sahara occidental. C'est la meilleure attitude à adopter devant la panique qui s'est emparée du Royaume» conclut notre étudiant.
«Même si l'emblème reste sacré, même si l'agression coïncide et ce n'est pas fortuit avec la commémoration du 1er Novembre, l'Algérie reste grande et il est temps de répondre aux imbéciles par le silence» pense le vétéran.