Lue sur Facebook, cette scène ordinaire de la vie ordinaire rapportée par un internaute à qui il reste encore quelque capacité d'indignation pour «si peu» : «A un carrefour d'Alger, c'est à moi que le policier s'est adressé par le geste et la parole pour me demander de passer alors que j'étais sur le siège passager, pendant que ma femme conduisait. Ce pays est décidément irrécupérable !» Il est encore heureux qu'il subsiste quelques extraterrestres de la trempe de ce brave citoyen «résiduel» susceptibles de s'offusquer. Car l'anecdote, pour succulente qu'elle soit, n'en est pas moins d'une rasante banalité, les choses étant au point où elles sont. Puisqu'on l'aura bien compris, l'agent de la circulation routière, en s'adressant à notre internaute du jour, ne s'est pas cru à Londres pour croire que le conducteur se met à droite.Il ne s'est pas non plus trompé sur le sexe du chauffeur, auquel cas c'est à gauche qu'il aurait adressé geste et parole. Il s'est tout simplement adressé à l'«homme» parce que dans sa tête, il n'est pas question de s'adresser à une femme quand on peut s'adresser à son mari. Il a même dû croire qu'en l'occurrence, il a été d'une exemplaire moralité et d'un sens élevé de l'honneur ! Et tant qu'à faire, en attendre quelque reconnaissance ou, pourquoi pas, une promotion, si jamais son attitude parvenait à sa hiérarchie. Son problème est qu'il soit apparemment tombé sur un os qui, après lui avoir ri au nez, est allé sur un très prisé réseau social dire ce qu'il en pense et susciter beaucoup plus de réactions de dégoût que de manifestations de sympathie. Oui, c'est révoltant qu'en 2014, des agents de la force publique soient plus dans le relais du discours ténébreux dont ils respectent et font respecter à la lettre les «recommandations» que dans la rigueur des lois en vigueur. Parce que dans l'affaire, il n'est pas besoin d'être grand clerc pour comprendre que le policier en question a d'abord foulé aux pieds une règle élémentaire en la matière :on ne s'adresse pas au passager mais au conducteur pour tout ce qui concerne le véhicule, dans les courtoises recommandations, dans les opérations de contrôle routinières ou éventuellement dans les cas d'infraction au code de la route. Et beaucoup de réactions à cette histoire publiée sur Facebook, même si elles empruntent pour l'essentiel le chemin de la plaisanterie, elles n'en sont pas moins pertinentes pour autant. Cela va de «est-ce qu'on ne t'a pas fait passer l'alcootest tant qu'à faire '» à «est-ce qu'on t'a demandé ton permis de conduire» en passant par «c'est normal pour une voiture à conduite à droite».Mais il y en a eu aussi, plus nombreuses que les premières, qui étaient franchement dans le ton de la colère. «Le déni aux femmes continue», «en quelques mots, nous avons la sociologie de l'Algérie» ou encore «c'est le monde de l'homme, dans la rue». Et pour boucler la boucle, ce témoignage poignant d'une femme : «On m'arrête à un barrage et un policier me demande le plus sérieusement du monde : vous étiez où '» ! Là, on ne rigole plus. Et peut-être bien qu'il n'a jamais été question de rigoler.laouarisliman@gmail.com
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Posté Le : 22/06/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Slimane Laouari
Source : www.letempsdz.com