Algérie

La RN 24 Alger-Béjaïa engloutie par la mer


Réalisée à la hâte dans le sillage des grands projets structurants initiés par l'Etat pour adoucir les lendemains tumultueux du Printemps berbère de 1980 (université, aéroport international, tunnel de Kherrata..), la RN24 reliant le carrefour Cinq-Maisons à Alger à la trémie d'Aamriou, au cœur de Béjaïa, vient de connaître ce mardi 17 avril 2012 un gigantesque éboulement.
L'éboulement a eu lieu sur le tronçon situé dans la wilaya de Béjaïa entre Tighremt et Aach-El- Baz, qui a eu pour conséquence de suspendre la circulation automobile dans les deux sens Est et Ouest. Pour combien de temps ' La réalisation de cette magnifique route littorale à la beauté sauvage toujours intacte, malgré de regrettables dégradations, a permis, jusqu'à la fin du siècle dernier, de désenclaver un territoire aux atouts touristiques et économiques indéniables et d'amorcer ainsi un mouvement de repeuplement à l'échelle humaine, particulièrement prometteur. Pourtant, et depuis le début du nouveau millénaire, la perspective d'un horizon moins chargé et plus franc semble s'assombrir et s'éloigner de nouveau pour les populations qui ont cru au mirage du retour : installation des maquis du GSPC dans les contreforts boisés des nombreuses montagnes du lieu, feux destructeurs, rush brutal sur les ressources et poches foncières des nouveaux vandales de l'immobilier, conversion des magiques belvédères naturels jouxtant les criques et plages paradisiaques en bars itinérants pour les milliers de voitures de jeunes en mal d'évasion, et surtout prolifération de décharges sauvages, où bouteilles et cannettes de bière se laissent ostentatoirement voir après s'être clandestinement et subrepticement laissées boire. Le résultat : de véritables cimetières et montagnes d'immondices non biodégradables que la nature, si luxuriante, du lieu refuse de digérer, année après année. Et comme un malheur n'arrive jamais seul, c'est, depuis quelques années, au tour de la route, par la faute de laquelle tout ce «progrès» et cette «civilisation» sont arrivés, de commencer à refuser le sort qui lui est fait, de grimacer désespérément à force de voir sa face se hérisser avec de nombreuses malfaçons et dégâts causés quarante ans plus tard par les études approximatives et hâtives et des réalisations bâclées et sommaires. Avec les précipitations exceptionnelles de cette année, cette route a définitivement fini par être rattrapée par l'action décapante et corrosive de la mer, qui a entaillé et ébréché en de nombreux endroits la belle linéarité de son soyeux tracé en bord de mer, mettant à mal le destin de voie de communication plus que vitale qu'elle a fini par devenir. L'un des aspects vitaux supplémentaires et pour le moins inattendus que cette RN24 a acquis au cours de la dernière période est d'être devenue une voie de contournement et de dérivation aux nombreuses et répétées coupures de routes à objectif politique, qu'organisent presque quotidiennement les habitants de la wilaya de Béjaïa sur les deux autres routes nationales qui relient cette dernière ville à Bouira et Tizi Ouzou, d'un côté, et Sétif, de l'autre. Depuis ce mardi, cette route semble nous lancer : trop, c'est trop ! Je m'immole à ma façon. Je me laisse engloutir dans la mer ! Que fera notre ami Farid de Tadjemâat n'Djebla, qui a réussi le pari fou de réhabiliter à l'identique son village abandonné depuis les années quarante du siècle dernier, afin de le revitaliser sur le plan économique et humain ' Attendre qu'Amar Ghoul, ministre des Travaux publics, présentement fort occupé, achève sa campagne électorale pour, enfin, rentrer chez lui à Beni Ksila !


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