Algérie

La rime pour exorciser la cruauté de la destinée



Bonne nouvelle ! Une perle aussi luisante qu'un ver brillant s'est tracé son itinéraire vers le "cercle des poètes" où elle a bâti sa "digue de pierres" : "Les pierres parlent à ceux qui veulent entendre. Et à moi, elles m'ont révélé tes grands secrets", semble déclamer la poétesse Lamara Samia à la déesse Calliope qui est l'emblème de la belle voix et muse de la poésie épique. Et pour tout prologue à son adhésion, Lamara Samia n'a que son recueil de trente poèmes qui schématisent le condensé d'une vie et intitulé Esquisse d'un itinéraire (éditions Hibr) qu'elle a déclamé à l'espace "Les mercredis du verbe" à la médiathèque Bachir-Mentouri de l'établissement Arts et culture ce 27 novembre.D'une lecture aisée et d'une compréhension accessible, l'ossature de l'?uvre est ciselée aux choses de la vie, à l'instar du voile de la grisaille que l'auteure lève sur ses anxiétés : "Si la tristesse, la mélancolie, l'amertume et le désespoir irriguent sa poésie de bout en bout, l'amour n'est jamais loin.
Et l'espoir, même s'il n'est lui aussi que lueur, est toujours au bout du chemin", a certifié le poète Lazhari Labter dans Confessions poétiques et révélations secrètes, qu'il a dédié à l'auteure en guise de préface. C'est dire qu'au-delà du talent de la déclamatrice, le recueil est aussi l'onctueux florilège d'aigre-doux qui évoque à faux ou à tort une tranche de l'existence si identique à celle de l'anonyme lambda, où le rose de l'églantine se mêle au bonheur si volatile parce qu'il est éphémère.
Outre le rose du rêve, il y a aussi le clair-obscur de l'hésitation qui engendre l'anxiété qui précède le doute. "D'où la ramure de l'incertitude que j'ensemence dans mon jardin et que j'irrigue à la lueur de l'espoir", a déclaré l'oratrice. "Caresser avec douleur tous ces débris de ma vie, où la rimeuse a peut-être frôlé des âmes sur son chemin", versifie la poétesse. Autre action de grâce, la poétesse fait aussi acte de gratitude puisqu'elle est "reconnaissante envers le créateur d'avoir ces petites joies autour d'elle".
Outre l'aveu de bonté, on y décèle l'humilité dans les sages propos de la poétesse qui s'insurge ainsi contre le pédantisme et l'esprit bien-pensant : "Si nous croyons tout savoir, nous ne savons jamais plus que ce que nous croyons." Autant de bon sens et de tact qui s'ajoutent à l'indémodable chanson Maintenant, je sais (1974) de feu Jean Gabin né Jean-Alexis Moncorgé (1904-1976). Si tant de verve poétique que L'exquis d'une saison rebelle a vite fait d'ébaucher L'esquisse d'un itinéraire.
"Je dessinais les couleurs d'une survie sombre et sans écho. Un quotidien morne et inerte où ne s'égarait pas la poétesse ni qu'elle a dépéri", a déclamé Lamara Samia. "Est-ce qu'un jour, je vais oublier l'élan de l'amitié à l'école ou ?La quête d'amour idéal' après ?l'amour passager' ou l'épisode juvénile de l'amourette sans lendemain" '
Est-ce qu'il m'est aussi loisible de me remémorer le nom que je mettrais sur la frimousse de mon camarade de banc de classe sur une photo jaunie et à l'automne de ma vie ' Autant de "réflexions intimes" que l'auteure a consignées sur ce qui a l'air d'un journal intime ou qui a l'aspect d'un carnet de vie qui ne serait pas de trop dans votre bibliothèque.

Louhal Nourreddine
Esquisse d'un itinéraire, de Lamara Samia, éditions Hibr,
2019, 86 pages ? 350 DA.


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