Algérie

La révolution de mon père 55e partie



La révolution de mon père 55e partie
Résumé : À peine notre repas terminé que nous entendons un coup de feu. Le village était cerné. Nous nous hâtions de quitter les lieux. Dehors, il faisait nuit noire, et la neige s'était remise à tomber. Des balles sifflaient à nos oreilles, et nous tentions de fuir cet enfer. Kheïra reçoit une balle en plein c?ur, et rend l'âme sur-le-champ. Si Ahmed et moi continuons à fuir au milieu de cet enfer.S'ensuivra encore un échange de tir, des échauffourées, et même des bombes lacrymogènes. Des projecteurs illuminèrent soudain la forêt. L'ennemi gagnait du terrain. Des militaires tiraient à partir des camions, et d'autres couraient dans tous les sens.Des ordres sont donnés maintenant de vive voix. Des chiens nous poursuivaient. Nous étions encerclés. Si Ahmed me prend la main. Je le sentais anxieux, mais calme.Malgré l'offensive, il avait gardé un sang-froid incroyable.-Nous sommes pris comme des rats, Boualem, mais soyons braves...Il ne faut jamais montrer sa faiblesse devant l'ennemi.Plusieurs soldats descendirent des camions. Ils continuèrent à tirer durant un moment, puis voyant que nous étions en nombre restreint, ils rappelleront les chiens et arrêtèrent les tirs.Les projecteurs balayèrent la forêt de long en large. Nous étions sous les feux de la rampe. Il n'y avait plus rien à faire qu'à accepter notre destin.On est vite encerclés, jetés à terre, piétinés, et bien sûr désarmés.Je tente de relever la tête pour chercher papa... Un coup de pied au crâne arrêtera mon geste. Un soldat maintiendra sa mitraillette sur moi, et un autre m'attachera les mains.Tels des ballots de foin, nous sommes jetés pêle- mêle dans le camion qui démarre vers la ville. L'aube commençait à poindre, et nous entendons le long cri lugubre d'un hibou... Je repense à Kheïra. Elle va geler, me dis-je... Elle va geler dans cette neige et ce froid...Kheïra... Pauvre Kheïra...Je sentais mes yeux se mouiller et les larmes couler le long de mes joues. Des larmes que je ne pouvais même pas essuyer, car mes mains étaient attachées.Si Ahmed était assis dans un coin. Il faisait encore assez sombre, mais je pouvais le voir... Heureusement me dis-je qu'il ne pouvait voir mes larmes.Vers la mi-journée, et après plusieurs heures de route, nous arrivons dans une caserne française qui se trouvait à quelques kilomètres de la capitale.Nous étions entassés comme des moutons dans un camion qui nous livrait aux rafales de vent et à la neige. Le froid nous avait ankylosés, et nous appréhendions la suite des événements.Si Ahmed se débrouillera pour se mettre derrière moi à la descente du camion et murmure :-Ces salauds ne vont pas nous épargner... Nous allons subir les pires sévices... Tiens bon, fiston... Tahya El-Djazaïr.Je sentis mon sang se glacer dans mes veines. Non pas que j'avais peur d'être torturé, mais penser que l'Algérie allait être bientôt indépendante et ne pas la voir me remplissait d'une étrange tristesse.Si près du but mon Dieu, si près du but...Des coups de crosse et des coups de pied nous obligèrent à avancer plus rapidement. Nous sommes vite déshabillés et poussés vers un cachot.Des tortionnaires arrivèrent. Ils étaient déjà prévenus de notre arrivée, et avaient été conviés à assister aux interrogatoires.Un par un, nous étions questionnés sur nos activités, notre nombre, nos lieux de prédilection, nos activités politiques, nos relations internes et externes, etc.Comme nous étions tous préparés à ces interrogatoires dont on avait déjà entendu parler, nous ne pouvions que donner tous la même réponse : Nous ne savions rien... Ni de la politique, ni des relations, ni de nos chefs... Nous n'étions que de jeunes appelés prêts à combattre pour la liberté de notre pays.La dernière phrase suscitera la colère de nos interrogateurs...Coups de pied, insultes, gifles, coups de poing... Puis ce sera le supplice... L'électricité, le savon, la gégène... Torturés, humiliés jusque dans notre intimité, nous subissons le calvaire sans broncher.Notre résistance en étonnera plus d'un... Qui nous fournissait les armes et les munitions... 'Qui organisait les opérations... 'Qui planifiait les stratégies... 'Et dans les villages, qui nous donnait à manger et nous hébergeait... ' Tous les matins, nous passions à la même enseigne et aux mêmes traitements. Si Ahmed, étant médecin, réclamera la présence d'un officier supérieur.On se moquera d'abord de lui, puis, comprenant qu'il parlait sérieusement, on ira chercher le médecin du camp, qui jouissait du grade de commandant.Il vint un matin nous interroger, puis s'adressera à Si Ahmed comme à un confrère :-Alors le toubib, on veut se la jouer grand... 'Si Ahmed ébauche un sourire :-Nous sommes grands, mon commandant...Nous sommes des résistants...-Cela se voit... Vous nous avez donné du fil à retordre.-Pas autant que vous, commandant.(À suivre)Y. H.NomAdresse email




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