Algérie

La révolution autrement


Aujourd'hui l'expression enchante un peu moins. Les Printemps de chaque pays sont moins fleuris et leur unité semble moins assurée. Les particularités locales ont pris le pas sur les espoirs universels. L'arrivée au pouvoir des islamistes en Tunisie et en Egypte, le chaos qui règne en Libye, et l'obstination folle du pouvoir syrien forcent au calme et à la mesure. Au calme, parce que, comme on peut le constater tous les jours depuis un an, le climat est orageux. Il y a toujours de la passion dans les rues. Mais la démocratie ne semble pas s'installer de manière satisfaisante, soit parce que les processus électoraux sont contestables vu leur déroulement, soit parce qu'il n'y en a même pas eu. A la mesure" parce que l'Histoire nous a appris que La révolution est comme Chronos, elle dévore ses propres enfants. Trop souvent, elle peut mal tourner, et qu'importe les situations géographiques : aucunes des révolutions françaises, anglaises et russes n'ont donné forme à l'espoir qu'elles avaient porté. Comment s'empêcher, toutefois, d'être, encore aujourd'hui, enthousiaste et de vouloir fêter l'anniversaire des deux ans des Printemps ' En réalité, le vent d'espoir qui a traversé les pays arabes ces jours de printemps semble nous faire pouvoir ajouter, en plus des trois précédemment citées, deux caractéristiques au phénomène : c'était un phénomène surprenant et jeune. La surprise nous a frappés car il n'y avait aucun signe qui annonçait ces révolutions. Elle a pris d'autant plus violemment ceux qui, sans se douter, recevaient encore Kadhafi ou prenaient des vacances chez Ben Ali. Dans ces pays où la moitié de la population a moins de 30 ans, cette jeunesse n'est pas qu'une caractéristique démographique. C'est une caractéristique politique. Cinquante ans avant, Arendt liait Jeunesse et Révolution dans la Crise de l'éducation : cette Jeunesse est celle qui prend son destin révolutionnaire en main. Face à l'ordre ancien, opprimant sans doute, cette Jeunesse assume qu'il y a autre chose que la mort, la misère ou l'oppression : il y a la lutte, portée par l'espoir d'un monde nouveau.
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