Algérie

La révolte se poursuit au Bahreïn



Les protestataires revendiquent l'instauration d'une monarchie constitutionnelle. Cependant, les forces de l'ordre continuent à  user de la répression dans le silence des monarchies voisines du Golfe et de la communauté internationale, sous prétexte que les manifestants sont manipulés par l'Iran. Des hommes armés en civil, soutenus par des membres des forces de sécurité bahreïnies, ont jeté vendredi des cocktails Molotov sur des maisons et des voitures dans le village chiite de Dar Koulaib, a rapporté hier l'AFP, citant un communiqué du groupe d'opposition Al Wefaq.
Des dizaines d'hommes armés, «soutenus par des véhicules de police, ont commis des actes criminels, attaquant les maisons avec des cocktails Molotov», a affirmé le principal groupe de l'opposition chiite dans ce communiqué. Selon lui, 29 maisons ont été attaquées de la sorte et deux de ces maisons ont été prises d'assaut par des hommes armés, dans ce village situé à  une vingtaine de kilomètres au sud-ouest de la capitale Manama. L'attaque de Dar Koulaib est la troisième de ce type cette semaine, a déclaré de son côté l'ancien parlementaire d'Al Wefaq, Matar Matar. «Le fait que les autorités ne réagissent pas fermement à  ce type de comportement montre qu'elles les approuvent», a-t-il relevé. Le même jour, le militant des droits de l'homme et figure de l'opposition chiite Nabil Rajab a été attaqué par la police, à  Manama, a affirmé Al Wefaq. Nabil Rajab, qui dirige le Centre bahreïni pour les droits de l'homme et qui est à  Manama pour «exprimer sa solidarité avec les (protestataires) détenus», a été hospitalisé après cette attaque qui a aussi visé le militant Yossef Al Mahafdha, a expliqué Matar Matar. Le ministère de l'Intérieur a indiqué que «la police avait emmené M. Rajab à  l'hôpital après qu'il eut été retrouvé étendu sur le sol», à  la suite de la dispersion par les forces de sécurité d'une manifestation non autorisée dans le quartier de Makharka.
Une commission d'enquête indépendante a rendu, le 23 novembre 2011, un rapport dénonçant notamment «un usage excessif et injustifié de la force» de la part des autorités lors de la répression, à  la mi-mars, d'une contestation qui avait duré un mois.
Un peuple face à  six monarchies
Pour réprimer les manifestants au Bahreïn, l'Arabie Saoudite a envoyé, en mars, plus de 1000 soldats à  Manama. Les Emirats arabes unis y ont dépêché 500 policiers et le Koweït a mobilisé une unité maritime. Cet arsenal fait partie des forces communes d'intervention du Bouclier de la péninsule regroupant les monarchies du Conseil de coopération du Golfe (CCG), à  savoir l'Arabie Saoudite, Bahreïn, les Emirats arabes unis, Koweït, Oman et Qatar. Le CCG a été créé en 1981 suite à  l'invasion de l'Afghanistan par l'Union soviétique et à  la révolution iranienne en 1979. Il vise la coordination, l'intégration et la coopération des Etats membres dans les domaines économique, social, culturel et militaire. Concernant ce dernier volet, en 1984, les six pays membres ont créé une force commune d'intervention appelée «bouclier de la péninsule». Avec l'Occident, à  leur tête les Etats-Unis, ils ont soutenu l'Irak de Saddam Hussein dans sa guerre contre l'Iran. Et cela, par souci d'affaiblir Téhéran qui constituait un danger pour ces monarchies.
Le royaume wahhabite est relié au Bahreïn par un pont-digue. Achevé au milieu des années 1980, il permet à  l'Arabie Saoudite d'acheminer ses forces vers Manama le plus vite possible en cas de troubles, pour prêter main-forte à  la monarchie bahreïnie. Ainsi, le 29 décembre 1994, le ministre de l'Intérieur saoudien, le prince Nayef Ben Abdelaziz, avait déclaré à  Manama que «les intérêts de sécurité des deux pays sont indivisibles». L'opposition affirme que cette visite a été précédée par deux brigades de la Garde nationale saoudienne, soit 4000 hommes, qui ont franchi ce pont-digue pour prêter main-forte aux forces répressives du royaume voisin.
Le Bahreïn abrite le quartier général de la Ve flotte américaine, ce qui permet aux Américains de surveiller l'Iran et le détroit d'Ormuz.
 


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