Algérie

«La révolte est le résultat d'une asphyxie des libertés»


La coordination des sections du Conseil national des enseignants du supérieur (CNES), le Syndicat national autonome du personnel de l'administration publique (Snapap),le Conseil des lycées d'Algérie (CLA), le Syndicat autonome du technique, de l'enseignement et de la formation (Satef), et la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (LADDH) ont proposé, dans un communiqué rendu public dimanche dernier, l'organisation d'une rencontre nationale pour débattre des actions à  mener «pour apporter une aide, un soutien et une solidarité à  la jeunesse algérienne». Les responsables de ces organisations autonomes ont dénoncé la «répression qui s'est toujours abattue et qui s'abat sur cette jeunesse et demandent à  toutes les organisations d'assumer leurs responsabilités devant la gravité de la situation et devant l'Histoire». Les signataires du document exigent, en outre, la libération des émeutiers qui ont été arrêtés, estimant que «ceux qui ont contribué par leurs décisions et actes de gestion autoritaires à  fabriquer les émeutiers sont les premiers à  devoir comparaître devant la justice».
Plaidant pour un dialogue serein et constructif, ces organisations demandent la levée de l'état d'urgence et l'ouverture des champs médiatique, politique, syndical et associatif, et ce, afin que les conflits puissent àªtre réglés par la force d'un droit qui prend en charge les intérêts et les préoccupations de la majorité de la population et non par le droit d'une force qui protège les intérêts d'une minorité.
En tentant d'analyser les raisons d'une telle révolte, les signataires du document pensent que celle-ci est le résultat inéluctable de la multiplication de plusieurs facteurs : «Nous regrettons que la violence soit devenue la seule façon de se faire entendre, mais face à  une gestion dictatoriale et autoritaire, faisant de la violence un instrument de gestion de la société, et face à  l'asphyxie des libertés publiques et de l'obstruction de toutes les voies pacifiques de revendication, notamment l'interdiction des grèves, rassemblements, marches pacifiques, on ne peut que s'attendre à  une explosion sociale», notent ces organisations, soulignant que le refus de toute médiation sociale en marginalisant toute représentation réelle de la société et la généralisation de la corruption sur fond d'injustice sociale criarde ont contribué au marasme social qui touche le pays depuis plusieurs années.
En dépit des dégâts enregistrés lors de ce mouvement de contestation, les leaders de ces syndicats autonomes et organisations des droits de l'homme prennent la défense de la jeunesse algérienne. Ils justifient ce parti pris du fait que cette jeunesse exprime un désir fort de dignité, de liberté et d'espoir, «Nous soutenons ces jeunes qui voient une richesse mal acquise s'étaler sans vergogne par la clientèle du pouvoir et autres affairistes. Nous savons aussi qu'à force de traiter les gens avec le mépris et la violence, vous n'aurez en retour que la colère et la violence», expliquent les signataires. S'agissant des dégâts, les signataires de la déclaration estiment que «la somme de tous les dégâts causés par les “émeutiers”￾ n'arrive même pas à  la hauteur d'un seul scandale de malversation dont l'Algérie est riche (Banque Khalifa, BCA, Sonatrach, Brown and Condor)…». Par ailleurs, le Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapest) et l'Union nationale des professionnels de l'éducation et de la formation (UNPEF) ont dénoncé les actes de vandalisme commis à  l'encontre  des écoles et autres édifices privés et publics. «Nous comprenons la fureur de notre jeunesse, mais nous désapprouvons les actes de vandalisme sur nos écoles, lycées et édifices, biens des pauvres», note M. Mériane, porte-parole du Snapest.
Ce dernier incombe la responsabilité entière aux pouvoirs publics «amnésiques, arrogants et aveugles» devant une révolte, dont les signes avant-coureurs existent et étaient prévisibles.

 
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