Algérie

La révolte des économistes algériens



La révolte des économistes algériens
Au fil des interventions enregistrées lors des rencontres et séminaires portant sur des dossiers économiques, les économistes paraissaient vouloir se rebeller contre leur mise à l'écart par les plus hautes autorités du pays dans l'élaboration des stratégies de relance économique.
Ils se sont révoltés une nouvelle fois lors de la journée d'informations sur «Les chemins du financement des investissements locaux», organisée le 28 juin à Annaba par la chambre de commerce et d'industrie Seybouse. Il faut dire que pour cette manifestation, ils ont été totalement oubliés par les organisateurs. Cela n'a pas empêché plusieurs d'être présents à cette journée pour, en aparté, aborder le programme de relance économique prôné par le président de la République. « Même si plusieurs tronçons de l'autoroute Est-Ouest ne seront pas réceptionnés dans les délais prescrits comme cela avait été annoncé par M. Ghoul, ministre des Travaux publics, notamment à l'est du pays, rien ne pourra empêcher la relance économique dans notre pays», a affirmé Abdelmoumen, un économiste. Selon lui, cette importante voie de communication entre dans la stratégie du gouvernement pour le développement économique de toutes les régions du pays. Elle s'ajoutera au projet de réhabilitation du rail ainsi qu'à la réalisation de plus de 3 000 km de voie ferrée pour lesquels il a été dégagé 20 milliards de dollars. Pour d'autres de ses pairs, l'Algérie retrouve ses repères économiques au rythme des projets socioéconomiques lancés, la mise à niveau et l'assainissement des entreprises, l'allègement des procédures et les facilitations à accorder aux investissements en termes de foncier, la relance des exportations hors hydrocarbures et la baisse de la fiscalité au profit des PME. Est-ce à dire que par cette appréciation, les économistes algériens s'expriment en laissant tomber les vieux modèles explicatifs existants, en partie périmés, pour se mettre à l'utilisation d'instruments de gestion économique bien rodés à travers le monde ' «A chaque fois qu'il est sollicité, l'économiste algérien peut apporter sa contribution à tout ce qui peut servir au développement économique national. Mais faudrait-il que son approche de la question soit bien comprise pour être appliquée. Ce qui malheureusement est rarement le cas. Aujourd'hui, je peux affirmer que les projets de l'autoroute Est-Ouest et celui de la réhabilitation et l'extension du réseau ferroviaire pourront servir de facteur de relance économique du pays», souligne Noureddine Arfaoui, enseignant universitaire en économie à l'Ecole supérieure des sciences économiques de Annaba. Il est constamment sollicité par les instituts et sociétés nationaux et internationaux. Ses remarques et analyses sur toutes les questions économiques très pertinentes sont hautement appréciées . Il en a donné un aperçu lorsqu'interrogé sur sa compréhension du fonctionnement de l'économie nationale, il a précisé : «Comprendre le fonctionnement de l'économie à un moment donné comme celui que nous vivons dans notre pays et discerner l'évolution sur laquelle cette économie est engagée sont indispensables. En faisant appel à des économistes de terrain, c'est-à-dire ceux qui sont restés au contact de la croissance du commerce mondial, de la mondialisation et de l'économie réelle mise au diapason de celle financière, les responsables nationaux ont pour une fois prouvé qu'ils cherchent effectivement à réussir.» Sa déclaration est corroborée par la fébrilité qui a gagné ces derniers mois le milieu des opérateurs économiques nationaux. Lors des différents séminaires et rencontres, ces opérateurs n'ont pas raté l'occasion de faire des reproches aux économistes professionnels algériens qu'ils accusent d'être inaudibles. Tout aussi pointées du doigt sont les chambres de commerce qui, dans leur grande majorité, sont «habitées» par des personnes, fonctionnaires ou élus, sans relation aucune avec l'économie au sens large du terme. «Je n'ai rien contre les épiciers et ceux ayant eu la chance d'amasser des fortunes. Mais de là à ce qu'ils se portent candidats à l'animation du secteur économique local ou national à travers une chambre de commerce, c'est exagéré», dira un ancien membre d'une CCI dont le langage économique a de tout temps déplu à ses homologues. Mais au-delà des CCI hantées pour la plupart par des animateurs dont les connaissances économiques sont très superficielles, il y a les autres institutions. Celles représentatives du ministère de la Promotion des investissements et des PME notamment. Leurs approches des questions économiques sont figées, car généralement limitées à la lecture des lois, décrets et instructions de leur tutelle. Prendre des initiatives et éventuellement les soumettre aux débats pour des recommandations relève d'un effort qu'ils ne sont pas disposés à faire. Cet autre aspect a été abordé par les économistes algériens pour argumenter leur tendance à se révolter contre leur marginalisation.


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