Algérie

La revanche de Moubarak



La revanche de Moubarak
Les Egyptiens reviennent à l'urne pour se prononcer sur leur nouvelle Constitution. Mais l'atmosphère générale n'est guère empreinte de senteurs démocratiques. Difficile de dire son rejet de cette Constitution qui annonce d'autres «évolutions». Dans une Egypte rentrée dans une phase improbable, le simple fait d'afficher sa désapprobation pourrait être considéré comme un crime impardonnable. Celui qui est réfractaire est d'ores et déjà soupçonné de traîtrise par des campagnes d'intimidation médiatiques d'une violence insoupçonnée. Il est évident qu'une des plus grandes déceptions de cette Egypte post-révolution c'est justement la volte-face des médias, journaux et télévisions, appartenant pour la plupart aux hommes d'affaires proches de Moubarak. Désormais, les médias dénigrent la révolution du 25 janvier 2011, présentée comme la cause de tous les maux du pays. La liberté d'expression n'aura pas duré. Retour aux anciens reflexes et à l'hystérie inquisitrice. Le général Sissi, le nouvel homme fort du pays du Nil, est à la recherche du plébiscite qui lui permettra de devenir le nouveau Raïs. En déclarant qu'il sera candidat «si le peuple le demande», il prélude ce scrutin comme un révélateur de l'adhésion populaire. Exactement de la même manière lorsqu'il l'a exigé le 30 juin pour déchoir Morsi de son poste de Président. Les Egyptiens qui ont réussi à faire ébranler le système autoritaire pourraient bien se retrouver au point de départ. Du Moubarak sans Moubarak. Le traitement autoritaire et sécuritaire de la problématique question des Frères musulmans pourrait ne pas constituer une solution à long terme. L'histoire le démontre, les régimes ayant opté pour l'exclusion et les options sécuritaires, à la place du dialogue et des solutions politiques, n'ont jamais véritablement joui de la stabilité escomptée. Finalement, l'Egypte aura vite consommé son intermède démocratique. La répression qui a d'abord frappé les jeunes militants révolutionnaires puis les pro-Morsi, touche désormais tous ceux qui défendent la révolution. Extraordinaire retournement de situation d'un pays dont le soulèvement contre l'autoritarisme a donné tellement d'espoir aux peuples sevrés de démocratie. Les Egyptiens dans leur majorité sont aujourd'hui fatigués de l'instabilité qui agrippe leur pays depuis deux longues années, et voudraient retrouver la sécurité, le pain quotidien et la tranquillité. C'est ce qui probablement explique cette situation de léthargie face à ce retour de «l'ordre». Sauf que cette restauration du régime militaire aura été bien coûteuse pour les Egyptiens.M. B.




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