"À trente ans, j'étais déjà arrivée au bout de la route, venue de nulle part, comme j'étais née, trop tôt ou trop tard, balancée comme une torche au milieu de la nuit.
Je ne voyais rien venir et je ne voyais rien partir."
C'est l'histoire d'un vieil homme, un marchand de livres ambulant, un conteur d'histoires aux enfants de la rue ; c'est l'histoire d'un livre secret, d'un cahier jaune, d'un manuscrit ; c'est l'histoire d'une femme, une journaliste, qui, par la force, voire la volonté du hasard, devient une confidente, une tenante d'un passé, une garante d'une histoire, l'instrument par lequel s'accomplit un devenir, se réalise une destinée.
Elle se voit étrangement liée au vieil homme comme si elle le connaissait déjà, comme si elle existait déjà dans ses souvenirs, habitait pour toujours ses pensées en faisant désormais partie de ses sentiments les plus inavoués. Sa destinée se trouve d'ailleurs, une fois le manuscrit devenu en sa possession, scellée à celle du vieil homme, ce mage, ce mécène qui inspire curiosité et sympathie, respect et sollicitude ; un personnage faisant incursion dans sa vie qu'elle compliquait par des soucis personnels alors qu'elle était simple à comparer à celle des gens qu'elle rencontre dans le manuscrit, qui souffrent vraiment et qui portent sur eux ce malheur qui ne les lâche pas, les suit toute leur vie.
Ce livre, La revanche de May, se veut, par ailleurs, un enseignement que la narratrice a si bien résumé en quelques mots : "Des gens devaient souffrir autour de nous et calfeutrés dans nos conforts respectifs, nous ne voyons rien." L'écrivain n'attribue à la femme ni identité ni apparence physique. Il s'agit d'un personnage anonyme qui, du début jusqu'à la fin du roman, contrôle le déroulement du récit, prend en charge l'exposé des événements, la narration de l'histoire.
Il s'agit d'une narratrice qui, prenant connaissance du livre, narre, ou plutôt, conte merveilleusement l'histoire de May, cette mère qui a mené une vie tragique, et de son fils, ce déchiré, ce déraciné, qui a connu un destin aussi tragique que celui de sa mère, et de bien d'autres existences, comme celles de Ayla, de Dina (ou Rosa) ou de son fils Ninou, venant, d'une manière surprenante, se mêler à celles des sujets dominants, et coïncidant étrangement.
La femme, cette journaliste qui cherche à tout connaître, à tout savoir, lit le manuscrit, s'imprègne de son contenu, se mêle intimement aux personnages qui, authentiques, l'animent et lui donnent son relief, sa substance, sa valeur. Intriguée mais aussi passionnée par ses mots qui filent étonnamment l'histoire, elle se lance, convaincue et déterminée, dans une enquête, cherchant à percer le mystère de ces personnages si proches les uns des autres par une même destinée, déterminés par la même fatalité. Elle s'engage dans une piste, suit un fil conducteur, tient compte d'un ensemble d'indices pour parvenir à donner le dernier mot de l'histoire, le dénouement final.
Le devoir de prendre en charge les événements du récit que contient le manuscrit, de faire rencontrer, concorder, parachever les destinées lui incombe désormais, et en dépit de sa personne, étrangère à cette réalité qui est devenue son quotidien depuis la possession du manuscrit, elle ne peut échapper à sa destinée.
Elle obtient en conséquence un rôle important, primordial dans l'accomplissement de destins multiples
je cherchais des livres à lire et j'ai trouvé celui-ci dans la bibliothèque de l'université. J'ai adoré ce roman, très beau, très bien écrit et bravo les émotions. Je le recommande simplement
Rachida - étudiante - Montreal, Canada
27/07/2010 - 5775
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Posté Le : 09/04/2003
Posté par : nassima-v
Source : www.dzlit.free.fr