La guerre des ministères
Balayé en France depuis fort longtemps, voilà le mandarinat* revenir en force chez nous. Des mandarins mal fagotés veulent semer la zizanie. Si au moins c?étaient des universitaires reconnus sur le plan international pour leurs travaux de recherche ou leurs écrits scientifiques de haut niveau. Les voilà à rêver de sévir tels des mandarins français de funeste mémoire. Ils refusent l?accès à l?enseignement supérieur aux lauréats de l?Enseignement professionnel. Une commission interministérielle travaille depuis quelque temps sur l?intégration de ce concept d?enseignement professionnel dans l?architecture d?ensemble de notre système éducatif. Si les cadres du MEFP par respect du devoir de réserve observent un silence sur les difficultés qu?ils rencontrent pour avaliser leurs propositions, leurs collègues d?un autre département ministériel ne font pas dans la dentelle. Ils affichent ouvertement leur refus de voir l?enseignement professionnel éligible à l?enseignement supérieur. Un refus qui sent le mépris. Dans une intervention à la Chaîne III, un haut cadre du MERS a déclaré : « Le secteur de la FP a fort à faire avec les 30% de déperdition scolaire. Ils n?ont qu?à s?occuper d?eux. Nous, notre préoccupation, c?est la qualité. » Un morceau d?anthologie ! Non seulement il ne reconnaît pas à ses collègues de la FP un quelconque souci de la qualité, mais il donne à comprendre aux élèves recalés ? car programmés par le système scolaire ? qu?ils sont des bons à rien. Il les condamne à vie. Preuve d?un déficit en réflexion prospective : compte-t-il dissoudre ce ministère de l?EFP dans le cas d?une victoire totale contre la déperdition scolaire ? Ou est-il adepte d?un système éducatif qui carbure à l?échec ? Ce haut fonctionnaire ferait mieux de se pencher sur les raisons de la déliquescence de son secteur. Et surtout avoir le courage de dire que le changement de langue d?enseignement dans les filières dites de prestige (médecine, architecture, pharmacie?) pénalise des milliers d?étudiants ; autant de lycéens, de collégiens et d?écoliers. Et ce, depuis un quart de siècle ! Qu?attendent-ils pour résoudre définitivement cette coupure linguistique entre le scolaire et l?université ? A moins que cela n?arrange certains cercles influents. Pour quelles raisons ? Sûrement pas pédagogiques ou scientifiques. S?est-il creusé les méninges pour retenir les élites qui désertent l?université par bateaux entiers ? A moins qu?il n?appartienne à cette catégorie de cadres en poste ils existent et de plus en plus nombreux qui jouissent devant l?exode massif vers d?autres cieux des neurones créatives algériennes. A le suivre dans son raisonnement, la déperdition scolaire serait une fatalité. Il s?agit là d?une hérésie aux yeux de l?éthique éducative. Dans une telle logique couplée avec la création planifiée des Grandes Ecoles à la française et dans la foulée les classes « préparatoires » dans certains lycées d?élite c?est à un remake « médiocrisé » du modèle jacobin français que nous sommes conviés par ces mandarins d?un autre âge. Bourdieu se retournerait dans sa tombe. Le pays de Voltaire lui, au moins, a combattu cette idéologie accoucheuse de désordre et de frustrations sociales. Mai 68 est passé par là. Le libéralisme économique, né sous d?autres cieux, est farouchement contenu dans ses excès. Des contre-pouvoirs veillent à ce que les enfants issus de familles défavorisées ne soient pas pénalisés. La pédagogie de la réussite mise en place dès le préscolaire n?est pas une vue de l?esprit. Elle est formalisée et à portée de main de ceux qui veulent le bien pour les enfants du pays ? pas pour les leurs seulement. Nos enfants ne sont ni plus ni moins intelligents que les petits Finnois (Finlande). Il suffit de leur donner toutes les chances et ils réussiront. Et la revalorisation de l?enseignement professionnel en est une. Nous invitons ce haut fonctionnaire du Mers à méditer cette maxime pédagogique : « Il n?y a pas de mauvais élèves, il n?y a que de mauvais maîtres. » Comprendre par « maîtres », tout système éducatif générateur de déperditions. (*) Les mandarins sont des universitaires sous les habits de dictateurs à vie. Ils régentaient les filières universitaires françaises jusqu?à leur déboulonnement en Mai 68.
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Posté Le : 03/11/2007
Posté par : sofiane
Ecrit par : Ahmed Tessa
Source : www.elwatan.com