« La retraite, oui, mais pas le retrait »

Combien belle a été l'initiative de l'association des retraités de la jeunesse et des sports, AR-Roufaka, d'honorer ses retraités et également quelques anciens journalistes des plus connus sur la place publique constantinoise. La manifestation a eu lieu ce dimanche dans le grand hall de l'office des établissements de jeunes (Odej), qui a vu la présence d'intellectuels, à  l'instar du Pr. Abdelmadjid Merdaci, et de l'ex-ministre de la Santé, Pr. Aberkane, qui ont livré une allocution respectivement autour des thèmes «Les nouveaux médias du 21e siècle: nouveaux obstacles pour les Constantinois de plus de 60 ans», et «Une approche gérontologique et gériatrique pour les Constantinois de plus de 60 ans ».
Au-delà de cette reconnaissance évidente due à  un àªtre humain qui a mis durant un temps appréciable de sa vie, son savoir-faire et son expérience au service de la communauté, il est temps de penser l'avenir de manière plus pragmatique eu égard aux «mutations démographiques, épidémiologiques et socioéconomiques», selon le Pr. Aberkane. Ce dernier, qui travaille sur un projet: «Le livre blanc», traitant de l'évolution de l'état de santé et du bien-être mental des personnes âgées, préconise, en urgence, «une politique nationale basée sur la solution aux problèmes de la population selon une courbe d'évolution, à  partir de données locales et régionales précises». Il faut partir de chiffres, de diagnostics de proximité, sachant que la moyenne de l'espérance de vie est aujourd'hui de 76 ans, alors qu'elle se situait autour de 52 ans, à  l'Indépendance. D'après un recensement effectué en 2008, il y a 80 000 personnes âgées de 60 ans et plus sur une population globale de 938 000 habitants à  Constantine, avec une baisse significative de la fécondité.
L'indice de vieillissement est de 30%. «Nous n'avons pas le temps d'évaluer tout cela, il faut lancer rapidement un programme de solidarité intergénération, car on aura dans très peu de temps le problème des retraites, il faut convaincre les décideurs de travailler dans ce sens pour ne pas se retrouver impuissant face à  une population vulnérable nombreuse», dit-il. En clair, c'est dans un avenir très proche (10 ans), que la population sera constituée, en majorité, des plus de 60 ans. Le Pr. Abdelmadjid Merdaci a évoqué la nécessité d'accomplir un travail de sensibilisation en direction de tous, sur les problèmes de cette frange de la population qui doit absolument trouver une place importante dans la société par rapport à  son vécu et à  son expérience, qu'elle peut encore longtemps mettre au service de la communauté grâce à  une action effective de femmes et d'hommes engagés autour d'un projet de société basé sur le principe de l'échange et de l'égalité, et le sentiment de citoyenneté, comme cela se fait depuis très longtemps dans les pays développés.
Ce qui inspirera cette boutade à  Ahmed Zemouli, le président de l'association: «La retraite oui, mais pas le retrait !» Suivra une petite cérémonie de distribution de prix, symbolique, à  une vingtaine de retraités de la jeunesse et sports et autres pionniers du journalisme, à  l'occasion de la journée mondiale de la liberté de la presse, dans un joyeux brouhaha et une ambiance bon enfant de gamins chahuteurs.
Nous citerons, entre autres Sellaoui Labidi, A. Djeroua, Salah Khenoufi, Aziz Rahmani, Ahmed Boussaïd… L'évènement a été clôturé par une prestation de la diva constantinoise, Soraya Sbiri. Accompagnée de sa guitare, elle a offert à  une assistance ravie, avec son doux soprano et de suaves arpèges, une romance pour la paix, en arabe et en français.